The Amazing Snakeheads

En prédicateurs rock, The Amazing Snakeheads s'annoncent comme une vraie claque de 2014.

Certains albums sont tels qu’on a du mal à déterminer ce qu’ils apportent réellement de différent au paysage musical bien que l’on perçoit clairement une personnalité forte et marquante. Ce genre de production ressemble à un patchwork d’éléments pas spécialement nouveaux, mais qui s’agencent comme par magie et se fondent, sous l’interprétation brûlante de musiciens jusqu’au-boutistes. Le « Amphetamine Ballads » des Amazing Snakeheads est de cette trempe et fera date à n’en point douté.

Oscillant entre ballades atmosphériques sombres et blues brûlant acéré, on reste scotché avant tout par la voix. Les Birthday Party de Nick Cave et le groove de Lux Interior des Cramps ont semble-t-il accompagné la construction musicale de Dale Barclay, au chant de ces « têtes de serpent formidables ». Mais, bien que l’influence des stars susnommées paraisse flagrante, le monsieur se livre, se met littéralement à nu avec tout ce qu’il a en lui et s’affranchit de ses modèles dans une énergie qui semble le consumer de l’intérieur, cette force qui anime les artistes nés pour ça et qui surtout n’auraient rien pu faire d’autre.

Entre autres influences qui traversent cet opus, toujours dans un esprit psychotique au bord de la rupture, la basse sort parfois tout droit du Bela Lugosi’s dead de Bauhaus et le saxophone suave de Morphine se réincarne au gré des pérégrinations inquiétantes et dérangeantes du groupe. Celles-ci émergent d’une émulsion générale dense, subtile et classieuse, toujours au service d’une ambiance tendue qui n’explose jamais, mais dont on sent la folie -au sens pathologique du terme- omniprésente et prégnante.

Soyez prêts à embarquer sur un bateau fait de bois à échardes qui tangue sur eaux troubles et pourpres, vous serez happés par les reflux violents des rythmes radicaux qui habitent ces dix chansons ultimes d’un énième groupe qui sort de nulle part pour instantanément poser sa pierre à l’édifice du rock.

S’il ne devait en rester qu’un titre : Memories

PS: The Amazing Snakeheads vient d’annoncer qu’ils se produiront en première partie des deux dates de Jack White à l’Olympia les 29 et 30 juin prochains pour deux lives inoubliables sans aucun doute, le live-report d’un petit chanceux en attestera…