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IndieTopRock 2014 – la révélation : FKA twigs l’insaisissable

Que Tahliah Barnett ait failli devoir renoncer à son pseudo (l’acronyme FKA, soit Formerly Known As a été rajouté suite à une plainte d’un autre artiste qui revendiquait déjà le nom Twigs) est un comble. Car, si elle a gagné ce surnom grâce à sa souplesse et sa facilité à se contorsionner, cette caractéristique physique définit également bien son côté insaisissable. FKA twigs a d’abord attiré l’attention par son recours systématique à la vidéo, puisque tous les morceaux de ses deux premiers EP ont été clippés. Et, même dans ses vidéos, il ne faut jamais se fier à ce qu’on voit. Le meilleur exemple est la superbe vidéo de Two Weeks, qui illustre un des morceaux les plus addictifs de son premier album. Mise en scène entre onirique et fantastique et un seul plan qui, à mesure qu’il s’élargit, change la perspective de départ : du grand art.

Pour autant, sur Video Girl, autre grand moment de son album, FKA twigs chante : was she the girl that’s from the video ? You lie and you lie and you lie. Insaisissable, on vous dit. Vous en voulez encore d’autres preuves ? Au départ, FKA twigs est une danseuse, et ceux qui l’ont vue en concert, en vrai ou en vidéo, encore une fois, peuvent témoigner qu’elle sait jouer de cet atout sur scène. Et pourtant, danser sur sa musique, il n’y  a guère qu’elle qui sait le faire, en tout cas avec autant de classe et de brio. Car si sa musique n’est pas dénuée d’une certaine lascivité, elle recèle également trop de profondeur, trop de recours aux silences pour s’adresser exclusivement au corps. Si vous n’avez pas encore plongé dans « LP1 », écoutez Pendulum ou Kicks, vous comprendrez. Alors quoi, FKA twigs a inventé le R’n’B expérimental ? Objectivement, l’expression est très moche, Tahliah Barnett se fiche des étiquettes et prétend ne jamais s’être interrogée sur le style de musique qu’elle faisait. En cela, elle est totalement en phase avec l’époque, car, si vous lisez régulièrement notre webzine, il ne vous aura pas échappé que revient régulièrement depuis quelques années dans nos chroniques l’idée que, chez beaucoup d’artistes, ce qui fait leur force n’est pas tant de s’inscrire dans une lignée ou d’inventer un nouveau langage qu’une capacité à s’affranchir des genres pour trouver le ton juste. Mais cet aspect ressort peut-être plus intensément chez FKA twigs parce qu’elle flirte avec les contours d’une musique très connotée, pas forcément pour le meilleur, pour mieux les atomiser. En couronnement, on s’attendait à voir la belle recevoir le prestigieux Mercury Prize pour lequel elle était nominée mais, finalement, la récompense est allée aux méritants Young Fathers. Ce n’est quelque part pas plus mal puisque cela nous permet de filer l’idée de départ. Avec FKA twigs, il n’y a jamais d’évidences. Insaisissable, toujours.

Lire la chronique de FKA twigs – LP1

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  • Publication 691 vues26 décembre 2014
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