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Interview de hjälten

Peux-tu nous dire où tu es en répondant à cette interview ?

Actuellement, je suis dans le lit d’un hôtel. Je me suis réveillé il y a un petit moment, j’ai regardé quelques épisodes de Seinfeld et maintenant j’écoute « Legend of Ashitaka » en fixant le plafond.

 

Quand et comment as-tu commencé à faire de la musique ?

Ça a commencé à Kungälv, une petite ville en dehors de Gothenburg, il y a quelques années. J’habitais dans une petite maison avec pour seules voisines des vaches. Je ne sais pas vraiment comment j’ai atterri là-bas. C’était juste le silence et moi, tu comprends ?

La musique est née d’un besoin de disparaître, mais en même temps de se donner une chance même quand c’est compliqué. Quand tout semble impossible. Quand tout le monde dit que tu ne peux pas y arriver. Essayer de faire quelque chose de beau pour avoir une raison de se lever.

 

Le silence et la solitude t’ont fait devenir ce que tu es désormais ?

Je pense, oui. J’aime être seul. Parfois je rêve de gagner à la loterie pour pouvoir déménager dans la forêt. J’essaierais de devenir ami avec les animaux. La ville fatigue. Tu sors et il se passe tellement de choses que je rentre chez moi au bout de 10 minutes. Parfois ça me fait peur, peut-être parce que je suis faible.

 

Peut-être que tes peurs deviennent tes forces pour écrire de la bonne musique ?

Oui, je pense que ça aide à être sensible. C’est ce que j’essaie de faire pour tout : fermer les yeux et écouter mon cœur. C’est souvent compliqué mais c’est important face à toute la dureté des gens et du monde.

 

« hjälten » est un terme suédois qui signifie « héros ». Les héros naissent de leurs propres faiblesses.

Oui, c’est vrai. Je n’y ai jamais pensé. C’est beau.

 

 

Tu viens de sortir ton deuxième EP « Inga Regler ». Tu peux nous en parler ?

C’est un essai et un effort d’amener les choses plus loin. Ça parle du fait qu’il n’y a pas de règles, dans la musique, dans l’art, dans la vie. Tu peux être ce que tu veux. Il n’y a pas de limite entre l’art et la vie. Quand tout se passe bien et que tu penses que quelque chose peut te l’enlever, alors la vie prend tout son sens même si ce n’est que pour une personne.

C’est toujours un long processus que d’écrire des chansons. J’écoutais beaucoup Skrillex, Al Di Meola et de la musique d’anime quand ça s’est fait, et je continue encore. Je ne pense pas que ça soit particulièrement intéressant pour les gens de lire les spécificités. Je ne veux pas influencer l’expérience qu’on peut avoir avec les chansons. Je préfère qu’ils les écoutent sans idées préconçues. Ça ne peut être que plus beau de cette façon.

 

Quel mystère… 

Oui. Désolé. Je ne veux pas du tout paraître présomptueux. C’est juste que je n’ai pas fait de compromis quand j’ai écrit la musique, donc c’est important que l’expérience de l’écoute ne soit pas détériorée.

 

C’est pourquoi « inga regler » veut dire « sans règle » en suédois.

Tout à fait.

 

Pour toi, la musique doit surtout se ressentir, qu’importent les paroles ou le processus de création ?

On doit toujours ressentir quelque chose. N’importe quoi. Spécialement de nos jours. Pour certains ça peut venir des paroles, pour d’autres de la construction musicale. Pour moi, c’est plutôt le processus inverse quand je crée. Je laisse mes émotions guider ce qui va se passer dans la musique. Ça se transforme en musique, paroles, rythmes parfaits.

 

Généralement les artistes veulent transmettre une émotion ou une histoire particulière. Il semble que tu veuilles plutôt que chacun interprète la musique à sa façon.

Il n’est pas possible de décider de ce que les gens vont ressentir pour en faire de l’art. En tout cas, ça ne marche pas pour moi. Et c’est la façon dont j’expérimente les autres formes d’art. Je peux pleurer en regardant un épisode de Seinfeld quand on est « supposés » rire, et je peux rire sur la chanson la plus triste du monde. C’est ce qui est beau dans la vie, la vraie émotion. Quand tu as conscience de ça, la seule chose que tu puisses faire dans n’importe quel art, c’est de laisser les sentiments te guider et advienne que pourra pour ceux qui l’expérimentent.

 

Ça s’appelle la liberté.

Oui.

 

25 est ton dernier titre sorti. Même si tu ne veux pas en parler et qu’on te dit qu’on a ressenti de la tristesse, de la force, de la colère, des émotions brutes, tu en penses quoi ?

Ça me fait du bien. Particulièrement parce que ça veut dire que ça peut transcender les barrières de la langue et devenir significatif comme expérience en soi. Ce sont aussi des sentiments que je ressens tout le temps, alors c’est génial.

 

 

Tu as sorti 2 clips actuellement, l’un pour På Liv, l’autre pour 25. Le visuel semble très important et complémentaire à ton projet. Comment travailles-tu avec les réalisateurs pour leur faire comprendre ce que tu veux et ce que tu ne veux pas ?

En effet c’est important. Mais c’est aussi amusant. Ça donne une autre chance de dire ce que tu veux. Je déteste les compromis donc je pense être dur dans le travail. Mais je travaille avec des gens avec lesquels je suis proche alors c’est plus facile de se battre avec eux.

C’est un processus. On a une idée. On essaie de voir ce que cette idée peut donner, on argumente, on rit, et à la fin on a quelque chose que l’on veut faire.

 

Que peut-on attendre de hjälten maintenant ? D’autres EPs ? Un album ? Une tournée ? Retourner dans les bois ? :)

Je vais continuer à faire des projets avec Too Young. Continuer à essayer de faire la chanson pop parfaite. Me laisser aller et voir ce que ça donne. Je pense qu’il y aura un autre EP. Je vais faire quelques excursions / mini-tournées. Et peut-être qu’après je suis supposé faire un album. Qui sait ? Pourquoi devrait-on toujours faire ce à quoi on doit s’attendre ? Il n’y aura peut-être que des morceaux qui auront besoin d’être composés. Tout ça est trop loin pour que je puisse y penser maintenant.

Peut-être que je gagnerai à la loterie, déménagerai dans une cabane dans les bois et soignerai le monde de l’apathie avec une certaine forme d’art.

 

 

« Inga Regler » est sorti le 21 janvier sur le label Too Young.

Interview réalisée par Skype le 31 janvier 2015.

Remerciements : Daniel, Too Young.

Chroniqueur
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