On a aussi écouté Séverine Daucourt – Transparaître (Encore)

« Transparaître (Encore) » organise la rencontre entre poésie et musique comme peu y sont parvenus jusque là. Sur des textes à la beauté frontale, explorant les fissures physiques et psychiques provoquées par le temps. Ce temps qui passe en faisant chuter bien des certitudes. Séverine Daucourt voyage au cœur d’une terre si éloignée a priori des tropismes pop.

Cette pop qui a fait de la jeunesse et de ses attraits une thématique centrale, et quasiment indépassable. « Transparaître (Encore) » est une œuvre d’autant plus importante qu’elle scrute avec une sensibilité sans fard une phase de l’existence – féminine – rarement éclairée par la musique actuelle. Elle fracasse ainsi, avec une douceur apparente, le mur épais séparant deux mondes. Le disque est sidérant, implacable. D’une vérité nue bouleversante et remuante. Accompagnée par Michel Peteau et Armelle Pioline, Séverine Daucourt délivre sa poésie à la fois subtile et directe disant le corps et l’esprit face à l’inéluctable.

En équilibre entre intimité et volonté politique de fissurer les fondements d’une société qui invisibilise ou nie les corps, singulièrement féminins, quittant les rives de la jeunesse faussement éternelle ; pour s’aventurer dans les eaux réputées sombres de l’âge.

Alors, au fil de morceaux oscillant entre spokenword, pop avant-gardiste et rock, on est fixé par la charge radicale, mais étonnamment gracieuse, du propos. Par le constat et sa justesse viscérale. Et par la force inébranlable qui en découle. Au seuil d’un vieillissement qui s’annonce comme un retrait de la vie pleine et entière, les mots de Séverine Daucourt enclenchent une rébellion. Ils ouvrent les portes d’une approche faisant voler en éclats stéréotypes, déterminismes et fatalismes. Sur des musiques à la modernité puissante, elle fait de l’âge une nouvelle terre promise, où se joue un futur à écrire. Celui d’une enveloppe charnelle et d’une âme décidées à se libérer du carcan sociétal, et à conquérir ce qui est dû jusqu’aux confins de l’existence.