"> Arca - KiCk i - Indiepoprock

KiCk i


Un album de sorti en chez .

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Nouvel album d'Arca, celui de l'affirmation d'une nouvelle identité, personnelle et musicale.

Cela fait quelques années qu’Arca a acquis une aura certaine auprès de la critique mais, si « KiCk i » est son quatrième album, jusqu’à il y a trois ans, c’est avant tout ses productions, pour Björk ou FKA Twigs, qui lui avaient valu des louanges. Avec Arca, Björk avait en effet trouvé l’interlocuteur idéal pour répondre à ses envies d’évoluer vers une electro plus abstraite et expérimentale, tandis que FKA Twigs donnait avec sa production une profondeur inédite à sa musique en contrepoint du charme vénéneux qu’elle distille savamment. En gros, Arca était parti pour être, insidieusement, considéré davantage comme un architecte sonore que comme un musicien. On admirait ses capacités à triturer les textures sonores, on s’aventurait moins à inciter à se repasser ses albums en boucle. En 2017, Arca a toutefois effectué un geste majeur en brisant l’armure sur son troisième album sur lequel, pour la première fois, sa voix venait se superposer à ses productions. Une démarche non naturelle pour un producteur d’electro mais déterminante en terme d’incarnation et d’émotion. D’autant plus que l’album laissait paraître que la démarche demandait un effort quasi surhumain à Arca qui, par la même occasion, donnait vie à des morceaux torturés, sombres, mais d’une indéniable beauté noire.

Logiquement, « KiCk i » marque une nouvelle étape dans son parcours. Celui d’une identité aux contours redéfinis, d’abord. L’album s’ouvre sur Nonbinary qui, comme son titre l’indique, vient affirmer qu’Arca renonce à son identité genrée pour s’assumer non binaire. Libéré(e) du carcan du genre après s’être libéré(e) de sa réticence à poser sa voix sur sa musique, Arca offre naturellement un album plus accessible, plus ouvert. Attention, ne pas s’imaginer qu’Arca a renoncé subitement à la fibre expérimentale de sa musique, à ses penchants naturels pour les textures syncopées. Mais dès Nonbinary, le « millefeuille » sonore recèle quelques scories de reggaeton qui donnent déjà un petit aperçu de la suite. Une suite qui ne craint pas d’offrir des morceaux aux structures carrément dansantes, Mequetrefe, Riquiqui ou Watch en tête. Seulement, si le débit rapide et le chant en espagnol évoquent la « musique du soleil », le traitement qu’Arca lui réserve est évidemment assez radical. Les morceaux sont brefs, parcourus de scories bruitistes qui entrent en collision. C’est à la fois efficace et intrigant, séducteur et foisonnant. En parallèle, Arca tisse des morceaux plus éthérés, qui lorgnent vers une dream pop synthétique. Comme de bien entendu, Björk vient offrir sa contribution et offre à Afterwards les méandres de sa voix poétique et puissante, Time aurait presque pu figurer sur un disque de Beach House.

Avec « KiCk i », Arca réussit un album qui peut cliver, lui aliéner ceux qui appréciaient son intransigeance et la noirceur indélébile de son oeuvre jusque-là. Mais, ce qui ressort surtout, c’est une impression de toute-puissance. Car nombre de morceaux laissent paraître que, si Arca le voulait, écrire des tubes au kilomètre ne lui poserait aucun problème. Mais l’audace formelle constante, la recherche de formes sans cesse bousculées ne laissent aucun doute sur sa démarche créatrice, son extrême liberté. Star qui crève l’écran, grand ordonnateur tapi dans l’ombre, générateur de paillettes ou de climats gothiques, Arca peut être tout cela, et ce n’est pas donné à tout le monde.

Rédacteur en chef

Tracklist

  1. Doña
  2. Prada
  3. Rakata
  4. Tiro
  5. Luna Llena
  6. Lethargy
  7. Araña
  8. Femme
  9. Muñecas
  10. Confianza
  11. Born Yesterday
  12. Andro

La disco de Arca

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