Si le nom de Bardi Johannsson ne vous dit sans doute pas grand chose, peut-être êtes-vous plus familiers de ses projets en solo sous le nom de Bang Gang ou plus récemment en collaboration avec Keren Ann, avec le délicieux Lady & Bird. S?il a déjà réalisé quelques bandes originales, sans compter les documentaires ou […]

Si le nom de Bardi Johannsson ne vous dit sans doute pas grand chose, peut-être êtes-vous plus familiers de ses projets en solo sous le nom de Bang Gang ou plus récemment en collaboration avec Keren Ann, avec le délicieux Lady & Bird. S?il a déjà réalisé quelques bandes originales, sans compter les documentaires ou les publicités, « Häxan » est une intention bien particulière. Composée en 2004 pour deux violons, percussions et machines à l’occasion d’une prestation au Forum des Images, l’islandais a retravaillé l’ensemble pour un festival en compagnie de l’Orchestre National Philharmonique d’Islande puis l’Orchestre Symphonique Bulgare pour cet enregistrement.

Réalisé en 1922 par le suédois Benjamin Christensen, ce film d’horreur a été censuré pendant une éternité aussi bien en raison de son caractère « sataniste » qu?à cause d’une omniprésente à l’écran de scènes de nudité? Il est de ce fait même rapidement devenu culte. Le travail de Bardi Johannsson se décompose alors en sept mouvements, pièces, qui n’ont rien à envier au groupe In The Nursery qui s?est pourtant fait spécialiste dans l’adaptation de films muets des années 20 (« A Page of Madness » de Teinosuke Kinugasa, « Man With A Movie Camera » de Dziga Vertov, « Hindle Wakes » de Maurice Elvey, etc.)

Mais là où les anglais se servent du numérique et autres ambiances synthétiques, l’islandais lui utilise toute la subtilité de vrais instruments? On se retrouve alors dans un univers soigné de cordes, de bois et de cuivres, qui n’est pas sans évoquer les oeuvres de Michael Nyman, les compositions de Clint Mansell avec le Kronos Quartet pour « Requiem for A Dream », voire certaines aventures de John Williams (mais celles-ci sont si nombreuses) alors qu?Haxan III revêt des habits d' »Exorciste ».

Sombre, intrigante, l’?uvre de ce sorcier scandinave est envoûtante à souhait et chargée d’une mystérieuse poésie. Jeu troublant du noir et blanc. Ombre, pénombre et crépuscule s?entremêlent et font ressortir dans un clair-obscur, un homme qui paraît vêtu d’or. Bardi Johannsson parcours les chemins d’un bien étrange paysage chargé de superstitions et de peurs populaires. Il est notre guide sur cette lande que l’on aime à croire dangereuse. On ferme les yeux, on s?agrippe fort par la main et on se laisse hanter sans aucune retenue.

Frissons (de plaisir) garantis !

• Publication 422 vues5 juin 2006
• Tags Bardi JohannssonDiscograph
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