"> Beastie Boys - Licensed to Ill - Indiepoprock

Licensed to Ill


Un album de sorti en chez .

5

En 1986, Marshall Mathers avait 14 ans et imaginer un blanc-bec s’aventurer dans le domaine du rap, chasse gardée d’une certaine frange de la population noire, relevait presque de la science fiction. Presque car cette année là, le très sérieux et très contestataire hip-hop allait subir les premiers assauts, non pas d’un MC blanc, mais […]

En 1986, Marshall Mathers avait 14 ans et imaginer un blanc-bec s’aventurer dans le domaine du rap, chasse gardée d’une certaine frange de la population noire, relevait presque de la science fiction. Presque car cette année là, le très sérieux et très contestataire hip-hop allait subir les premiers assauts, non pas d’un MC blanc, mais bien de TROIS guignols venus de Brooklyn et bien décidés à jouer de vilains tours de sales gosses à cette institution naissante.

Le symbole du premier album de ces joyeux drilles, « Licensed To Ill », c’est bien entendu et avant tout le manifeste des Beastie Boys, l’immortel Fight For Your Right (To Party), déconnade monumentale ridiculisant les clichés du hip-hop pour les détourner avec un mauvais esprit iconoclaste qui sera toujours la grande force de ces fous furieux. Dès le premier titre, Rhymin’ and Stealin’, les 3 MCs s’offrent une première séance de vocifération commune en braillant à qui mieux mieux « Ali Baba and the 40 thieves ». Insensé… Tout est là finalement et du grivois She’s Crafty à No Sleep Till Brooklyn en passant par Girls, Time To Get Ill ou encore Brass Monkeys, tout l’album baignera dans cette atmosphère de n’importe-quoi goguenard et volontiers grossier.

Si l’attitude future des Beastie Boys est tout entière contenue dans ce premier album, il faut toutefois reconnaître également que musicalement l’ensemble n’est pas renversant. Stimulant, certes, réjouissant sans doute, le mélange rock / rap ne manque pas d’efficacité (et s’avère malgré tout assez novateur pour l’époque) mais on est loin de l’explosion psychédélique à venir, du téléscopage des genres qui fera la force du trio. Les Beastie Boys n’ont jamais été les plus fulgurants des MCs mais ils ont appris, au fil des albums, à dépasser leurs faiblesses en intégrant leurs flows dans un torrent incessant d’idées. Sur ce premier essai, on sent encore l’influence très forte du punk avec notamment des guitares très présentes (les Beastie Boys, rappelons-le, ont commencé dans le hardcore et n’hésiteront d’ailleurs jamais par la suite à balancer quelques bombes punk dans leurs albums). A l’inverse, rappeurs encore débutants, ils sont surtout desservis sur « Licensed To Ill » par des limites techniques criantes (samples approximatifs, scratches faméliques). Le délire, irrésistible, et l’inventivité, évidente, sont là et bien là, mais les Beastie Boys n’ont pas encore trouvé la formule magique. Les véritables chefs-d’oeuvre sont encore à venir.

Chroniqueur

Tracklist

  1. Rhymin & Stealin
  2. The New Style
  3. She's Crafty
  4. Posse In Effect
  5. Slow Ride
  6. Girls
  7. Fight For Your Right
  8. No Sleep Till Brooklyn
  9. Paul Revere
  10. Hold It Now, Hit It
  11. Brass Monkey
  12. Slow And Low
  13. Time To Get Ill