"> Bertrand Belin - Parcs - Indiepoprock

Parcs


Un album de sorti en chez .

7

Enregistré en Angleterre mais bien ancré en France grâce à des textes exceptionnels, le dernier album de Bertrand Belin a la grande classe.

Aujourd’hui il faut des mots, de préférence nombreux, de préférence crus et explicites. L’époque s’accommode assez mal de l’économie, du secret, de la sobriété – aucune surprise donc à voir les exhibitions post-adolescentes, romantiques et excessives de Fauve exploser. En cultivant un art consommé du contrepied, Bertrand Belin s’inscrit en marge, sévèrement décalé. Sortons d’emblée les gros mots : Belin pratique du rock intelligent, cultivé, raffiné. De la musique d’intello, en somme. Ca pourrait être chiant comme une partie de Monopoly sans tricherie, c’est tout le contraire.

La très bonne idée de Bertrand Belin a été de s’adjoindre sur ce nouvel album les services du guitariste Shez Sheridan (qui oeuvre principalement chez Richard Hawley) : un choix dont on ne peut que se réjouir. En effet, si la production du disque se veut riche et ample, ce sont surtout les parties de guitares qui séduiront de prime abord. La longue liste des instruments utilisés par Sheridan, détaillée dans les notes de pochette, permet de mieux comprendre le pourquoi d’une telle variété de sons, d’accords, d’arpèges. Pour saisir l’étendue de la palette proposée, il n’est besoin que de comparer l’accompagnement très sec, minimaliste, de Pauvre Grue où les seuls accords grattés de la guitare suffisent à porter la mélodie, et l’ampleur déployée sur Comment Ca Se Danse où lap steel, guitares acoustiques et électriques se répondent, se complètent dans une luxuriance grisante. Belin, toujours très sobre, ne choisit jamais rien de tape-à-l’oeil, mais favorise une sophistication et une inventivité de tous les instants qui appuient exemplairement ses compositions. Côté écriture justement, les chansons, mis à part quelques temps morts en deuxième moitié de parcours, sont elles aussi remarquables et si toutes n’ont pas la même instantanéité, Belin garde l’instinct d’une écriture directe et accessible, comme en atteste le mini-tube Un Déluge (au passage, la meilleure chanson française depuis des lustres).

Reconnaissons tout de même que la finesse de « Parcs » n’est pas directement accessible. Il faut de préférence pouvoir profiter d’une écoute de qualité (une bonne chaîne ou un bon casque) et savoir prendre le temps nécessaire à l’immersion pour saisir tous les détails qui trahissent la très grande sophistication de l’ensemble : le son discrètement revu cold wave pour Un Déluge, les claviers décalés de Ruine, les entrelacs de guitare déraisonnables de Comment Ca Se Danse, les bruits de cordes qui déséquilibrent les couplets de Aller Sans But … Un minimum de concentration s’avère également nécessaire pour s’imprégner de textes tout en creux : les mots, peu nombreux, sont choisis, retenus, rares. Epars. Précieux. Parfois énigmatiques dans leurs évocations mais toujours porteurs d’images, toujours propices à l’imagination. Quelques efforts, si tant est que le mot soit judicieux, seront nécessaires pour apprivoiser « Parcs » : ils seront mille fois récompensés.

Une ultime remarque : profonde, grave, un peu rauque, la voix de Bertrand Belin pourra conduire à des réactions contrastées. Avec son timbre particulier et son chant précieux, parfois maniéré, Bertrand Belin s’apparente à une dynastie de gorges profondes où l’on retrouvera Matt Berninger et Alain Bashung, mais aussi Lee Hazlewood. Il y a bien sûr références plus gênantes, mais cette voix peut désarçonner ou repousser certains. Faites-vous votre propre idée et surtout n’hésitez pas à donner à ce superbe album le temps et l’attention qu’il mérite : les artistes de cette trempe sont rares sous nos latitudes …

Chroniqueur

Tracklist

  1. Comment ça se danse
  2. Ruine
  3. Aller sans but
  4. Un déluge
  5. Ca va ça va ça va ça va
  6. Plonge
  7. Pour un oui pour un non
  8. Requin
  9. Peggy
  10. Sous les pas
  11. Pauvre grue
  12. Capucine
  13. Quelque chose rouge (Bonus Track)

La disco de Bertrand Belin

Parcs7
70%

Parcs

Hypernuit
0%
La Perdue
0%
s/t
0%

s/t