Si au sommet du panthéon indie rock des années 90 trônent fièrement Pavement et sa brillante discographie, les prétendants sont nombreux au poste de dauphin. Built to Spill semble l’un des plus sérieux, à l’aune d’une série de trois albums exceptionnels, culminant sur le sublime « Perfect From Now On » dont les longs solos de guitares […]
Si au sommet du panthéon indie rock des années 90 trônent fièrement Pavement et sa brillante discographie, les prétendants sont nombreux au poste de dauphin. Built to Spill semble l’un des plus sérieux, à l’aune d’une série de trois albums exceptionnels, culminant sur le sublime « Perfect From Now On » dont les longs solos de guitares évocatrices, continuent de nous faire vibrer à chaque écoute.Depuis le début des années 2000, le groupe semblait avoir perdu de sa superbe, sortant des albums corrects mais loin de la beauté troublante de leurs prédécesseurs. C’est dans cette veine que démarre leur nouveau disque, « There is No Enemy », par deux chansons aériennes et réussies, mais qui peinent à sortir du lot. Heureusement l’espoir de retrouver du grand Doug Marsh revient dès les envolées de
Good Ol’ Boredom, puis dans la mélancolie résignée de
Life’s A Dream, dont le pont nous rappelle l’une des plus belles facettes du groupe : des guitares contorsionnistes, capables de faire surgir en nous des émotions refoulées et de nous toucher au plus profond ; un talent exprimé pleinement sur la seconde moitié d’
Oh Yeah, plus beau morceau que le groupe nous ait livré depuis plus de dix ans. Built to Spill sait également toujours enchaîner les petites perles pop, le long de la seconde partie de l’album qui devrait faire vibrer les fans de leur « There is Nothing Wrong with Love ».En plus de cette salvatrice piqûre de rappel, le groupe s’autorise à surprendre, notamment dans le nerveux
Pat, un morceau incandescent, aussi rageur que désespéré que l’on croirait échappé de la prime jeunesse de Placebo , mais aussi dans
Things Fall Apart, dont les cuivres fantomatiques sont les plus brillants entendus depuis la séparation de Neutral Milk Hotel.
On n’attendait pas un retour aussi réussi de la part de Built to Spill, capable de nous remémorer leur superbe jeunesse tout en proposant de nouvelles perspectives, et l’on est heureux de retrouver un vieil ami, de ceux qui marquent durablement. Cependant si des titres comme Big Dipper, Car, Velvet Waltz ou I Would Hurt A Fly ne vous disent rien, on vous recommandera de d’abord vous plonger dans leurs albums des années 90, pour mieux apprécier le retour en grâce d’un groupe majeur.