Horsegirl

Le premier album de Horsegirl, pour remettre à l'honneur les guitares au féminin.

Dans la catégorie musique à guitares jouée par des filles, on a déjà eu cette année le premier album de Wet Leg, en mode plus pop que noise côté anglais. Horsegirl n’est pas à proprement parler la réponse américaine mais on a ici encore affaire à un combo féminin porté sur les guitares. Des guitares plus bruyantes, avec des dynamiques qui font immédiatement penser à Sonic Youth. Ce premier album est d’ailleurs édité par Matador, qui a un temps abrité les New-yorkais, le disque est produit par John Agnello, qui a largement contribué aux travaux de Dinosaur Jr ou Kurt VIle, entre autres, et Lee Ranaldo et Steve Shelley, soit la moitié de Sonic Youth, apparaissent sur deux titres. De quoi bien mettre en exergue ce à quoi on a affaire sur « Versions Of Modern Performance ».

Pour autant, faut-il voir Horsegirl comme un groupe formé par trois filles nostalgiques du rock alternatif des années ’90 et rien de plus ? Déjà, en termes de rock référencé, l’an dernier, les Anglais de Dry Cleaning s’étaient vus tresser des louanges avec un album au final beaucoup plus étriqué que ce que proposent Nora Cheng, Penelope Lowenstein et Gigi Reece. Anti-Glory, qui ouvre l’album, donne déjà une bonne indication de leur savoir-faire. Après un démarrage classique avec la batterie qui donne le tempo et un riff de guitare à l’avenant sur les premiers couplets, une rupture assez inattendue donne une inflexion beaucoup plus ouverte et pop au morceau. Et, de fait, c’est quand elles teintent leur rock tendu de mélodies pop que le trio convainc le plus. On laissera donc de côté les exercices un peu vains que sont The Fall Of Horsegirl et Electrolocation 2, qui étirent des riffs sans grande conviction pour se concentrer sur les pièces immédiatement séduisantes que sont Option 8 ou Beautiful Song, portées par des guitares à la fois colériques et virevoltantes. Des pièces qui en outre mettent en lumière des qualités d’écriture indéniables et une belle maîtrise des vocaux. Avec Billy, elles réussissent en final un beau feu d’artifice avec un morceau plein de verve mélodique qui laisse place à un final électrique en diable que n’aurait pas désavoué My Bloody Valentine à l’époque. Encore une référence datée, certes, mais il n’est pas dit que l’émancipation totale des trois filles ne soit pas pour bientôt et qu’elles avaient simplement besoin d’en passer par ce premier album avant de prendre totalement leur envol.