I am Pooh Loves Pretty Sybilline

Le leader de Tapenga aime toujours autant les collages sonores et l'expérimental. Moins de trois ans après son premier album solo éponyme, I am Pooh Loves Pretty Sybilline aka Sébastien Blanc revient avec un 10 titres plus pop sobrement intitulé "Bicyclette" et première surprise, le son. Bien qu'autoproduite, la galette passe très nettement la vitesse supérieure côté mixage. Si le premier album m'avait un peu gêné par ce côté cheap ponctuel sur certains titres, le son ici est clair, équilibré et ô combien confortable à l'écoute.

Le leader de Tapenga aime toujours autant les collages sonores et l’expérimental. Moins de trois ans après son premier album solo éponyme, I am Pooh Loves Pretty Sybilline aka Sébastien Blanc revient avec un 10 titres plus pop sobrement intitulé « Bicyclette » et première surprise, le son. Bien qu’autoproduite, la galette passe très nettement la vitesse supérieure côté mixage. Si le premier album m’avait un peu gêné par ce côté cheap ponctuel sur certains titres, le son ici est clair, équilibré et ô combien confortable à l’écoute.

A l’image de l’artwork intérieur ultra kitsch (l’artiste en sandales transparentes sur un fauteuil dans son appartement à côté d’une bicyclette, un V de la victoire géant dans un coin, un cadre des Beatles sur une étagère et une icône religieuse au mur), I am Pooh Loves Pretty Sybilline aime brouiller les pistes et se fait plaisir. Chaque chanson revêt ainsi plusieurs identités sonores différentes, surprend et correspond d’avantage à un projet solo qu’à une unité de groupe.

L’exemple le plus flagrant reste sans conteste Call Us, We Wait For Your Answer, composée d’un clavier ambiant et de boîtes à rythme qui finissent par prendre des allures d’inquiétante pop minimaliste tandis qu’en arrière fond un piano dégringole. Quelques samples de films plus tard, une guitare rock alternatif vient tout anéantir pour conclure sur un dernier « You kill me! » samplé. Classieux.
Il ne faudrait pas non plus omettre le piano mélancolique de Baby Hurricane se muant progressivement en pop dansante so british ou les bidouillages électro cèdant la place à des claviers typés new-wave et des boîtes à rythme délicieusement eighties sur 1980.
Oubliées les sonorités hip-hop du premier effort, oubliés les titres acoustiques. Il faudra vous contenter d’une indie pop entêtante (Weird Copies Are Moving Theatres et son agréable doublé féminin sur les choeurs ou les cordes mâtinées d’électro de One Book & Two Pens) servie par un chant plus assuré, aérien et mélancolique – bien qu’il se permette quelques faussetés désabusées sur Sunshine Bright On Tree ou If U Build A Hotel I Build A Museum. Ce dernier titre reste d’ailleurs l’un des moins barrés et pourtant l’un des plus réjouissants de la galette: fausse amorce digne d’un jingle, batterie martiale, cordes itératives, breaks insolites..
Musicalement, on pense à John Maus pour le côté décalé, vocalement à Jonathan « Yoni » Wolf de Why? pour le timbre quelque peu nasillard.
L’album se clôt en beauté sur un U Call My Pain des plus réussi aux allures de sombre et séduisante pop indus.

Un disque surprenant. Assurément un disque surprenant qui part dans tous les sens titre après titre. Créatif et abouti, il est autant truffé de petits détails et d’effets que d’instruments invités à poser ici et là quelques notes plutôt que d’assurer une ligne complète d’accompagnement.

A suivre de près.