Le travail de chroniqueur est souvent une tâche ardue qui tient autant du sacerdoce que de la passion. Pour donner son avis sur un disque, il faut parfois savoir oublier les vers du poète Jacques Barko, « Pour te donner un vers à lire, il m’a fallu vieillir d’un an ». Le cadre ainsi posé, […]
Le travail de chroniqueur est souvent une tâche ardue qui tient autant du sacerdoce que de la passion. Pour donner son avis sur un disque, il faut parfois savoir oublier les vers du poète Jacques Barko, « Pour te donner un vers à lire, il m’a fallu vieillir d’un an ». Le cadre ainsi posé, on peut donc affirmer sans peine que le dernier album d’Isis, "Wavering Radiant", est un tas de boue passablement ennuyeux dans son mélange de post-rock et de métal.
Pourtant, le disque ne démarre pas trop mal avec Ghost Key. On plonge doucement dans des dédales de basses mélodiques (Aaron Turner joue sur une guitare accordée très très bas), chargées d’échos et de réverbérations, on y croise quelques claviers qui sonnent baveux comme dans un bon disque de krautrock, le tout appuyé d’une efficace section rythmique. Alors où est le problème ? Dès que le groupe s’excite dans un registre plus métal et hardcore, on a beau faire des efforts, il faut bien admettre que ces déflagrations saturées sont pénibles à écouter, déséquilibrant totalement les ambiances vaporeuses que le groupe essayait de mettre en place.
Ensuite, il y a la voix d’Aaron Turner, un écueil de taille qu’il faut subir dès Hall Of Dead. Elle passe allégrement d’une tessiture plaintive, en retrait par rapport au mix, évoquant une sorte de mélancolie auto-dépréciative, à un souffle rauque et suffocant, suggérant le croisement du cri du cochon qu’on égorge avec les hurlements de Max Cavalera. Mais s’il n’y avait que la voix, ça pourrait encore passer, malheureusement les guitares peinent à convaincre aussi, tant leurs jeux nous épuisent lorsqu’elles cherchent à trouver une énergie abrasive. Littéralement tiraillés entre la puissance du métal et l’ambiant du post-rock, les morceaux ne réussissent pas à véritablement décoller, et laissent comme un sentiment dubitatif face au résultat final. Dans le registre de la "douche écossaise" noisy, on recommande plutôt le très réussi " Doomsdayer’s Holyday" de Grails.
Pour pondérer, on dira que l’album s’écoute quand même, mais en se forçant pour lutter face à une voix affligeante et un ennui qui finit par nous envahir pour ne plus nous relâcher. Ce disque n’est donc pas complétement mauvais, il est juste passablement chiant …
Tracklist
- Hall of the Dead
- Ghost Key
- Hand of the Host
- Wavering Radiant
- Stone to Wake a Serpent
- 20 Minutes / 40 Years
- Threshold of Transformation