Un troisième album déconcertant.
« Grey Tickles, Black Pressure » est le troisième album de John Grant, songwriter de talent et frontman de The Czars, fraîchement exilé en Islande. Si le précédent opus avait déjà été marqué du sceau des expériences électroniques, ce 3eme album pose un peu plus le décor de sonorités fuzzy, électro minimaliste, parfois brutes et sèches comme peuvent l’être les paysages islandais.
Après une énigmatique introduction, l’album s’ouvre avec un « Grey Tickles, Black Pressure » qu’on reconnait immédiatement comme étant du grand « John Grant ». Textes cyniques et sincères, dans lesquels Grant aborde sa séropositivité notamment, servis par une orchestration raffinée. Grant s’explique sur le choix énigmatique de ce titre : « Grey Tickles est la traduction littérale de l’Islandais pour Mid-Life Crisis, et Black Pressure est l’équivalent turc du mot cauchemar. » Tout un programme.
Dès le troisième titre l’atmosphère change au profit de gimmicks funky, parfois avec de faux airs de Bowie des années ’80 sur « Snug Slacks« . « Guess how I know » s’ouvre avec une ligne de basse, un riff rock dosé avec parcimonie, et des synthés industriels. Et l’album s’étire ainsi entre sons électroniques, soutenus par des guitares vives. On pense parfois à Soulwax, Nine Inch Nails, Bowie donc. Mais jamais suffisamment longtemps pour que ce ne soit gênant.
Finalement, on reconnait plus rarement les titres comme étant ceux de ce John Grant qui nous est si cher, sauf sur quelques fulgurances dont les pépites « Down Here » et « Global Warming« . « Disappointing » avec cette touche de funk est de celles qui surprennent et fonctionnent étonnamment bien.
Enfin l’album se referme sur « Geraldine » une ballade Grantienne dans sa nouvelle version et un « outro » aussi énigmatique que l’incipit.
Déstabilisés après plusieurs écoutes, on reconnait évidemment à John Grant son talent et on lui accorde son évolution vers de nouvelles sonorités, mais en amoureux de ses somptueuses chansons piano/voix, on ne peut s’empêcher de sombrer dans la nostalgie de ces titres passés, surtout après le live à la BBC de l’hiver dernier, album de chevet s’il en est.
- Publication 1 010 vues2 octobre 2015
- Tags John GrantBella Union
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