"> Mogwai - As The Love Continues - Indiepoprock

As The Love Continues


Un album de sorti en chez .

7

Un nouvel album de Mogwai qui entre dans la catégorie des groupes insubmersibles.

Un nouvel album de Mogwai. En soi, pas une surprise, le groupe ayant été remarquable de constance tout au long de sa carrière et n’ayant aucunement laissé entendre qu’il entendait baisser de rythme. Et pourtant… Il y a des moments où prendre un peu de recul s’impose. Les Ecossais ont sorti leur premier album en 1996, surfant alors sur une vague protéiforme qu’on a appelée post-rock. Et si beaucoup, à l’époque, se sont immédiatement emballé pour ces longs instrumentaux en montagnes russes avec déferlements soniques réguliers, combien auraient parié que 25 ans plus tard, le groupe serait encore là ? Ou, plus précisément, qu’il serait encore là et pourrait se targuer de ne pas faire partie des formations qui continuent envers et contre tout à publier des disques dans l’indifférence générale. Une prise de perspective d’autant plus prégnante que « As The Love Continues » a permis aux Ecossais, pour la première fois de leur carrière, d’atteindre la première place des charts au Royaume Uni. Ce qui en fait déjà un album marquant et une belle histoire. Mais cet album pousse aussi à la mise en perspective par sa forme même.

Si on s’étonne de la longévité du groupe, c’est qu’après leur initial « Young Team » de 1996, on se demandait déjà s’ils seraient capables de se renouveler. Et même après qu’ils aient relevé le défi de l’album apaisé après le déluge sonore, on a continué à douter que Mogwai réussisse à ne pas devenir redondant à plus ou moins court terme. Mais force est de reconnaître qu’entre évolutions sonores avec intégration de nouveaux éléments, travail sur le format en allant parfois chercher des voix pour se rapprocher d’un mode « album de chansons », la bande a rudement bien mené sa barque. Jusqu’à trouver, il y a déjà une quinzaine d’années facile, via le cinéma, ou tout du moins le documentaire, un écrin idéal pour sa musique prioritairement instrumentale au climat vaguement mélancolique et instable. Certes, ils n’ont pas tout réussi, ont parfois pondu des albums convenus et assez dispensables, mais jamais au point de s’aliéner public et critique. Aujourd’hui, avec « As The Love Continues », ils nous offrent un album à la fois actuel et nostalgique.

Ce qu’il y a de plus actuel, finalement, dans « As The Love Continues », c’est son mode d’élaboration. Pandémie oblige, c’est à distance et en visio que le groupe a communiqué avec Dave Fridmann, producteur de l’album. Dave Fridmann, un nom qui, même s’il est encore très actif aujourd’hui, fleure bon l’époque où Mogwai en était à ses débuts. De fait, « As The Love Continues » fait la part belle à quelques plages où les guitares électriques s’en donnent à coeur joie, de Ritchie Sacramento à Drive The Nail en passant par Ceiling Granny. Sans revenir à la furie originelle, Mogwai n’en évoque pas moins, dans ces moments-là, l’époque où tresser des morceaux qui flirtaient avec le chaos, en mode incantatoire, était très bien vu. Un même sentiment de léger anachronisme flotte sur Fuck Off Money et son vocoder, très en vogue lui aussi dans la seconde moitié des années ’90. Il n’y a pourtant rien de déplaisant là dedans, rien qui renvoie implacablement à quelque chose de daté et ringard. Peut-être parce que l’époque est à citer le passé sans en faire un gimmick, à laisser librement s’exprimer sa fibre intime. Sur des morceaux comme Midnight Flit ou Dry Fantasy, Mogwai montre aussi que jouer sur l’alliance d’éléments synthétiques et organiques, alterner moments de tension et plages mélodiques fait depuis longtemps partie de leur vocabulaire et de leur mode d’expression naturel. Pour faire court, sans que l’on sente une volonté chez le groupe de rendre une copie en forme de bilan de carrière, « As The Love Continues » est, peut-être plus que tout autre album du groupe, celui qui synthétise le mieux tout ce qu’ils ont exploré en 25 ans et continuent d’explorer sans oeillères, sans archaïsme. Rien d’étonnant finalement à ce que beaucoup s’y retrouvent.

Rédacteur en chef

Tracklist

  1. To The Bin My Friend, Tonight We Vacate Earth
  2. Here We, Here We, Here We Go Forever
  3. Dry Fantasy
  4. Ritchie Sacramento
  5. Drive The Nail
  6. Fuck Off Money
  7. Ceiling Granny
  8. Midnight Flit
  9. Pat Stains
  10. Supposedly, We Were Nightmares
  11. It's What I Want To Do, Mum