On peut évidemment s’interroger sur la part de schizophrénie qui pousse un artiste à s’incarner un temps dans un projet, puis à le délaisser au profit d’autres puis à lui redonner vie. Ou alors, on peut au contraire se demander si justement être en quelque sorte phagocyté par un projet ne rend pas un peu […]

On peut évidemment s’interroger sur la part de schizophrénie qui pousse un artiste à s’incarner un temps dans un projet, puis à le délaisser au profit d’autres puis à lui redonner vie. Ou alors, on peut au contraire se demander si justement être en quelque sorte phagocyté par un projet ne rend pas un peu fou. En l’occurrence, Trent Reznor, après avoir délaissé Nine Inch Nails au profit de How To Destroy Angels et quelques autres travaux sous son nom propre pour le cinéma, à décidé de revenir aux sources, mais accompagné de musiciens différents de ceux qui l’entouraient au sein de Nine Inch Nails à l’origine. Autrement dit, Nine Inch Nails, c’est lui, mais ce n’est pas complètement lui non plus, car aux yeux du public, le nom seul évoque un son, une esthétique… Au delà de ces considérations, cet été, au cours de la tournée des festivals qui a précédé la sortie de ce nouvel album, la nouvelle mouture du groupe a démontré qu’elle n’avait rien à envier aux précédentes en termes de précision et de puissance sonore. Restait à savoir ce que valaient réellement les nouvelles compos de Trent Reznor sur disque, assez chichement dévoilées en live.

L’entrée dans « Hesitation marks » est assez typique de la patte Nine Inch Nails avec une brève intro dont on ne sait trop ce qu’elle augure puis un véritable premier morceau qui impose un son, met la main sur l’auditeur. Car si Nine Inch Nails n’a jamais véritablement brillé, du moins sur la longueur d’un album, par l’écriture, en revanche, Trent Reznor n’a pas beaucoup d’égaux pour mêler les textures et créer un climat. Copy Of A nous met donc sous sa coupe, et Came Back Haunted, premier single lancé en éclaireur, dense et compact, prolonge parfaitement l’entrée en matière. On remarque très vite la quasi-absence de guitares au profit de boucles électro élaborées et un tempo assez emphatique et régulier. Tempo qui, du reste, ne variera guère sur le reste de l’album. Quant aux guitares, si elles apparaissent sur Everything, c’est pour donner une dynamique quasi-pop au morceau, puis plus de groove sur Satellite ou various Methods Of Escape, très aéré et accessible. la fin de l’album reste ensuite globalement dans le même ton, même si l’ambiance se tend légèrement sur In Two.

Evidemment, on est assez loin avec « Hesitation marks » des saillies indus de « The downward spiral » ou même des climats torturés de « The fragile », qui restent les figures de proue de la discographie de Nine Inch Nails et les plus sceptiques diront même certainement que Trent Reznor s’est assagi, sinon embourgeoisé. Pourtant, même si ce nouvel album tourne de temps en temps à vide, sur des titres comme All Time Low, trop long, ou While I’m Still Here, qui ressemble un peu trop à Find My Way dans les intonations, il recèle suffisamment de moments réussis pour prouver que Trent Reznor reste un maître ès sons et textures, et a su évoluer vers plus de complexité, même si cela se fait au détriment de la violence, désormais cantonnée à Nine Inch Nails version scène.

• Publication 725 vues19 octobre 2013
• Tags Nine Inch NailsPolydor
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