"> Radiohead - Ok Computer OKNOTOK 1997 2017 - Indiepoprock

Ok Computer OKNOTOK 1997 2017


Un album de sorti en chez .

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Vingt ans tout juste pour le classique du groupe d'Oxford, l'anniversaire méritait une célébration.

Voilà donc vingt ans que Radiohead a publié l’album qui les a faits entrer dans le gotha de la pop, unanimement considéré, à raison, comme un classique du genre. L’événement ne provoque ni accablement à se dire que, décidément, on ne se fait plus tout jeunes, ni nostalgie particulière. Car il est impossible de réécouter, réévaluer aujourd’hui « Ok Computer » sans remettre l’album dans son contexte, et notamment tenir compte de ce qu’était avant lui Radiohead et ce que le groupe est devenu ensuite. En effet, à la sortie de cet album, les gars d’Oxford venaient à peine d’accéder à la première division de la pop. Jusque-là, ils étaient avant tout connus pour avoir pondu avec Creep un titre assassin sur « Pablo Honey », leur premier album, par ailleurs assez brouillon et quelconque, et avoir progressé sur leur second album, « The Bends », paru deux ans après, en 1995. Mais on était alors en pleine brit-pop, la guerre Blur/Oasis était à son apogée, Pulp accédait enfin à la reconnaissance qu’ils méritaient et, il faut l’avouer, dans ce tableau, Radiohead était un peu en retrait. Néanmoins, la donne a commencé à changer quand le groupe est parti défendre « The Bends » sur scène et a, grâce à des prestations fulgurantes, convaincu tous ceux venus les voir et les écouter de se pencher plus attentivement sur « The Bends » et admettre qu’on tenait là un grand album et un groupe qui avançait à pas de géants. Bref, en 1997, quand « Ok Computer » débarque, les fans de pop indé sont enfin sûrs que, cette fois, c’est bien à eux qu’il faut s’intéresser, davantage qu’aux combos de Damon Albarn ou des frères Gallagher, déjà sur la pente descendante (si tant est, à y repenser a posteriori, qu’ils aient réellement mérité un jour toute l’attention qu’on a pu leur porter).

Mais si « Ok Computer » pouvait prendre des aspects de consécration, voire de revanche pour Radiohead, le groupe restera d’une certaine façon maudit de s’être vu cataloguer dans un mouvement qui ne leur ressemblait pas pour la seule raison qu’ils étaient Anglais et évoluaient en formation « classique » voix/guitare/basse/batterie quand leur ambition musicale les portaient plus volontiers vers des gens comme Bjork, Portishead ou Aphex Twin qui, parallèlement à la brit-pop, inventaient un nouveau langage musical, Bjork allant même jusqu’à déclarer à l’époque que, selon elle, le triomphe de la brit-pop était une marque de repli identitaire et de peur d’affronter l’avenir. L’avenir, justement, pour Radiohead, a consisté à faire oublier par tous les moyens leurs origines musicales en bannissant la guitare et tout ce qui ressemblait de trop près à des sonorités organiques, démarche qui les a fatalement poussés à s’enfermer dans une logique cérébrale et hermétique qui nous a durablement éloignés du groupe.

Dans ce parcours, « Ok Computer » reste un magnifique point d’équilibre. Car, si l’album ne contient pas la fièvre et la tension de « The Bends », son écoute reste aujourd’hui encore le passage en revue d’un festival de mélodies toutes plus insensées les unes que les autres, l’acmé de l’album, sur cet aspect, restant l’enchaînement Exit Music (For A Film), Let Down, Karma Police. C’est aussi l’album sur lequel le groupe bouscule les schémas de composition, réussit avec Paranoid Android à faire se succéder en six minutes scories bruitistes et accords acoustiques, moments de tension et plages élégiaques. Sur Electioneering puis Climbing Up The Walls, Radiohead redéfinit les contours de la pop avec, sur le premier, une utilisation magistrale de la guitare électrique, vecteur de colère et d’expérimentation, et sur le second la création d’une texture sonore qui démontre que, en cela, il n’y pas de doute, Radiohead avait toutes les cartes en main pour se créer un horizon qui déborderait largement de celui d’un groupe de pop lambda. Pour tout cela, « Ok Computer » reste et restera pour un bon moment encore un incontournable qu’il faut absolument avoir dans sa discothèque.

Mais l’intérêt de cette réédition est qu’elle est du genre de celles qui, vingt ans après, a toutes les chances de faire passer une seconde fois à la caisse ceux qui gardent bien au chaud leur CD ou leur vinyle, bichonné à la chamoisine, depuis 1997. Car la collection de titres rajoutés en bonus est une éclatante démonstration que la bande de Thom Yorke évoluait à l’époque de l’enregistrement de l’album dans une sphère à laquelle le commun des mortels n’a pas accès. On pourra toujours s’amuser à faire la fine bouche et trouver que I Promise ou Lift sont des « pop-songs » somme toute assez classiques quelque peu en deçà de ce que l’album proposait à l’époque, sauf qu’elles auraient tout naturellement trouvé leur place sur 99 % des autres albums, étant acté qu « Ok Computer » fait partie de la catégorie des chefs d’oeuvre. En outre, impossible d’échapper à l’intensité de Man Of War et à sa structure qui défie les lois de la gravité ni à Pearly, sur laquelle les guitares et la voix de Thom Yorke restent inégalables. Il n’y a donc pas tromperie sur la marchandise, vous n’avez pas ici affaire à un album que vous connaissez par coeur agrémenté de quelques chutes de studio pour emballer le tout mais bien à un objet précieux indispensable à tous les fans de musique pop en général. Et on en reprendra volontiers pour vingt ans.

Rédacteur en chef

Tracklist

  1. Airbag - Remastered
  2. Paranoid Android - Remastered
  3. Subterranean Homesick Alien - Remastered
  4. Exit Music (For A Film) - Remastered
  5. Let Down - Remastered
  6. Karma Police - Remastered
  7. Fitter Happier - Remastered
  8. Electioneering - Remastered
  9. Climbing Up the Walls - Remastered
  10. No Surprises - Remastered
  11. Lucky - Remastered
  12. The Tourist - Remastered
  13. I Promise
  14. Man of War
  15. Lift
  16. Lull - Remastered
  17. Meeting in the Aisle - Remastered
  18. Melatonin - Remastered
  19. A Reminder - Remastered
  20. Polyethylene (Parts 1 & 2) - Remastered

La disco de Radiohead