Le retour de Ride, après 20 ans d'arrêt, ressemble à une cure de jouvence. La musique a conservé sa grâce électrifiée, et s'élève comme un défi au temps.
Vaisseau amiral d’un courant musical qui n’a pas fini de faire fantasmer des générations de musiciens et de mélomanes, Ride revient avec un nouvel album. Et comme souvent ce genre de réactivation est une prise de risque majeur. Un risque qui interroge la nature profonde du rock. Voilà une musique subversive par excellence, dont l’un des moteurs est le renouvellement permanent, ce culte absolu de la jeunesse.
Or, les temps que nous vivons nous le disent. La jeunesse ne semble plus nécessairement habitée par l’envie d’en découdre avec des guitares ou par l’art. Par ailleurs, de nombreux musiciens, artificiers géniaux et avant-gardistes, atteignent aujourd’hui un âge respectable. Le rock n’est plus la musique de la rébellion. Il est en passe de devenir mieux encore. La musique d’une minorité agissante et brillante, dont la passion irréductible pour cette énergie inouïe transcende à présent les générations.
Difficile, dans ces conditions, de ne pas succomber encore au son délicat et surpuissant de Ride. Une signature sonore que l’on retrouve intacte dans ce nouvel album. Voix éternellement adolescente, guitares réverbées, mélodies imparables. Tout est là. La douceur d’une pop sautillante et lumineuse qui se transforme en véritable mur du son, redoutable et sauvage. L’incroyable nuancier du groupe, qui embrasse toutes les couleurs, tous les sentiments.