Silencio

Malgré son nom, Silencio aime les sons, les bruits. Il aime le découpage, la trituration, les ambiances mystérieuses et chargées d?images. Le jeune nordiste, tire de ses machines une ambiance sombre et dépouillée qu?il couche sur disque grâce au Grand Téton, dans une pudique nostalgie (« Sehnsucht »). Jouant avec des dialogues de films, des sonorités industrielles, […]

Jouant avec des dialogues de films, des sonorités industrielles, les références musicales, Silencio développe un univers bruitiste un peu inquiétant, répétitif mais évolutif, monté en strates avec ses ruptures, ses fractures, son immobilité, sa fossilisation? L?ambiant mute au contact de la musique concrète.

Les rythmiques crépitent sur #. København se pare des variations, pour ne pas dire des errances, d?un saxophone que ne renierait pas Akosh S., alors qu?en fond un couple se dispute. A la cloche de Pétales, on regarde à droite et à gauche, guettant le passage du train au passage à niveaux. C?est noir sans être étouffant, réel et pas si urbain que cela?

On se sent comme en transit dans un aéroport, ne sachant pas vraiment si on a fait le bon choix. Les gens passent prêts de vous, vous frôlent mais vous, plongé dans vos pensées, vous ne percevez les choses que dans une sorte de brouillard, avec un temps de décalage. On laisse des gens derrière soi, on court après d?autres en vain. Pour nous sortir de là, comme une lumière, un glockenspiel (1025). Il y a une vie après.

La nostalgie toute cinématographique de Silencio apporte sa petite pierre au grand édifice de l?Ambiant, en toute modestie avec ses souvenirs, ses influences, ses sourires et ses maux. Une intimité qu?il parvient malgré sa mélancolie et ses Larmes du mois d?août à nous faire aimer.