Le septième album pour St Vincent, enfin davantage elle-même.
Voici l’archétype de l’artiste dont, jusque-là, on ne savait pas quoi faire. Entendre par là qu’Annie Clarke, qu’on a pu voir frayer avec des comparses comme Sufjan Stevens ou The National et qui compte Kate Bush ou David Bowie parmi ses influences a forcément toujours été de nature à nous intéresser. Mais son goût pour le travestissement, l’incarnation de personnages au travers de ses albums, s’il est bien en phase avec ce qu’ont pu produire les références pré-citées, nous a toujours, dans son cas, tenus à distance d’elle, tant on avait du mal à se retrouver dans un univers un peu trop clinquant et ronflant.
Et voici que, enfin, pour son septième album, Annie Clarke déclare que de personnage au centre de « All Born Screaming », il n’y en a pas. Ou bien, s’il y en a un, c’est elle-même. Dans le même mouvement, « All Born Screaming », est aussi le premier album qu’elle a produit en personne, même si, soulignons-le, sur les précédents, elle a toujours été associée à la production. Dernier élément à prendre en compte, sur cet album, Dave Grohl officie à la batterie sur deux morceaux. A la batterie exclusivement, est-il utile de préciser, comme au temps de Nirvana plutôt qu’à celui des Foo Fighters. De fait, dès la première écoute, pas de doute, « All Born Scremaing », nous accroche plus l’oreille que ses opus précédents. Attention toutefois, tout ne séduit pas sans réticences, et quelques morceaux présentent des dynamiques trop alambiquées et une production trop tape-à-l’oeil, à commencer par Broken Man ou Big Time Nothing.
Néanmoins, même sur ces morceaux, on sent poindre une volonté d’aller plus vite à l’essentiel, avec moins d’artifices, et le jeu de batterie de son complice pour l’occasion, implacable et souvent au bord d’une agressivité bienvenue n’y est pas étranger. Mais c’est quand St Vincent parvient à trouver le point d’équilibre entre son goût pour des ambiances sophistiquées et un brin dramatisées sans tomber dans l’extravagance qu’elle convainc enfin. Violent Times, maniéré mais incontestablement bien troussé et bien intreprété séduit, le reste de l’album voit Annie Clarke évoluer avec une certaine légèreté et s’essayer à des sonorités presque exotiques, So many Planets tutoyant le reggae, sans déplaire. « All Born Screaming » ne fera pas de son auteure une de nos références absolues mais nous permet au moins de constater qu’elle ne se résume pas aux personnages qu’elle a pu se céer par le passé.
- Publication 1 033 vues30 avril 2024
- Tags St. VincentTotal pleasure records
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