"> Sunn O))) - Monoliths & Dimensions - Indiepoprock

Monoliths & Dimensions


Un album de sorti en chez .

Au début, comme compressé entre le nombre incalculable de disques à chroniquer et le temps que réclame le dernier album de Sunn O))), on est passé un peu à côté de “Monolith And Dimensions”. Car ce disque n’est pas un de ceux qui s’abordent avec facilité, où l’absence de mélodies pop  fait perdre tout sentiment […]

Au début, comme compressé entre le nombre incalculable de disques à chroniquer et le temps que réclame le dernier album de Sunn O))), on est passé un peu à côté de “Monolith And Dimensions”. Car ce disque n’est pas un de ceux qui s’abordent avec facilité, où l’absence de mélodies pop  fait perdre tout sentiment de confort et de luxe acquis, parfois bien utile pour se faire une opinion. Pour ce “Monolith And Dimensions” il faut donc prendre le temps d’abandonner quelques repères afin de rentrer dedans ; cette musique répétitive et ambiante s’apprécie plus par l’expérience de son écoute que par la commodité de sa composition.

A la manière de certains exégètes de la musique expérimentale, Greg Anderson et Stephen O’Malley de Sunn O))) jouent du drone. A savoir des notes répétitives, des micro-tonalités, dont les enchainements se révèlent hypnotiques et ambiants. Si on écoute sans trop y faire attention, on a l’impression d’entendre la même note pendant vingt minutes, ce qui déclenche naturellement un état d’obnubilation dans notre cerveau, et si on s’attarde sur les détails, on y entend tout un tas de petites variations qui sonnent comme des incantations envoutantes. Pharoah Sanders avait introduit ces éléments là dans le jazz avec son saxophone, Terry Riley faisait du drone avec un synthétiseur Yamaha, Sunn O))) poursuit ces expériences avec des guitares électriques noisy jouées sur un mur d’amplis.

Dès l’inaugural Aghartha (en référence à Miles Davis), on sent physiquement s’abattre sur nos oreilles cette grosse chape de plomb, où des guitares gavées de feedback commencent à nous étouffer par leur noirceur. Mais le minimalisme répétitif et abrasif de Sunn O))) laisse progressivement place à quelques cordes de violon inquiétantes, des grincements qui font peur, la voix d’Attila Csihar semblant vouloir invoquer on ne sait quelle force obscure, pour finir sur des clapotis ambiants. Cette musique donne l’impression d’avoir été lavée, comme nettoyée de l’intérieur. Voilà dix-sept minutes de pure beauté en terme de musique incantatoire. Big Church et Hunting & Gathering prolongent l’expérience dans un format plus compressé – 10 minutes par morceau quand même !! … – mais c’est avec Alice que Sunn O))) se révèlent d’excellents monteurs en son. Ce titre instrumental de seize minutes, composé en hommage à Alice Coltrane, progresse lentement du drone-metal vers une sorte de musique plus classique, laissant la place à des arrangements à cordes et quelques trompettes, naviguant entre BO Lynchienne et free-jazz. L’effet est saisissant et nous laisse de marbre devant tant de beauté sombre.

Voilà donc un disque qui se mérite un peu, où l’on doit prévoir du temps pour rentrer dans ces longues pièces musicales, mais qui se révèle fascinant de bout en bout, au fur et à mesure des nouvelles écoutes. Clairement le disque à ne pas écouter comme le dernier M.Ward …

Chroniqueur