"> Interview de Laurent Laffargue - Indiepoprock

Interview de Laurent Laffargue

A l’occasion des 15 ans du label Platinum Records, Indiepoprock est allé à la rencontre de son fondateur et actuel gérant, Laurent Laffargue. L’occasion de faire le point et de tracer le portrait d’un label hyperactif et qui va de l’avant.

Comment a été créé le label Platinum Records ?
Il y a d’abord eu une association qui s’appelait les disques Alienor qui était l’émanation d’une association qui s’appelait Alienor records, un tout premier catalogue orienté pop rock et créé avec deux amis. En 1996 on est passé en SARL et on a créé un catalogue plus electro qui s’appelait Platinum. La question était à l’époque de savoir si on restait une association et donc un passe temps ou si on se professionnalisait. Mes amis étaient ok pour investir des sous en me confiant le développement de la société.

Tes associés étaient donc des amis ?
Oui ce sont des amis. Il y en a un, Martial, qui a ouvert le magasin de disques Total Heaven et l’autre est infirmier.

Que faisais-tu avant Platinum ?
J’ai fait des études d’œnologie. J’ai un BTS en viticulture-œnologie mais j’ai fait le choix de vivre de ma passion, la musique.

Le label comprend combien de collaborateurs aujourd’hui ?
Il y a Fabienne qui est mon assistante. On a Sariha qui est webmaster et que l’on partage avec Vicious Circle et la Feppia. Et il y a Myriam pour la comptabilité que l’on partage aussi avec Vicious Circle et Talitres. On a aussi en permanence un stagiaire mais en temps plein il n’y a que Fabienne et moi.

Comment fonctionne le label ? Quel est le rôle de la marque Cornflakes Zoo, d’Alienor Records et donc Platinum au sein du groupe ?
Ce sont trois catalogues. Alienor étant le premier catalogue orienté pop rock, Platinum est orienté electro et Cornflakes Zoo est dédié aux licences des groupes étrangers que l’on ne produit pas nous-mêmes. On a aussi un catalogue éditorial ce qui signifie que tous les artistes que l’on sort en label, sont aussi en édition chez nous. C’est une structure business du label. Cela fait longtemps que l’on n’a pas sorti un disque sur Alienor records. Platinum est le label le plus en avant maintenant.

Comment décides-tu de signer un artiste ?
Il faut que l’artiste me plaise, que l’environnement soit favorable à savoir que l’artiste soit à fond dans leur projet, soit disponible. Il faut aussi que mon équipe soit prête à défendre le groupe. C’est moi qui valide mais je tiens compte de l’avis de mon équipe.
Les signatures se font beaucoup par réseau et par connaissances. Cela vient de groupe avec qui l’on travaille qui nous propose d’autres groupes. Cela vient aussi de personnes très proches qui connaissent notre structure.

Est-ce que tu vas chercher par toi-même ?
Je bouge beaucoup. J’assiste à beaucoup de concerts. Sur internet en revanche je ne cherche pas plus que ça car je n’ai pas assez de temps. Je préfère accorder ce temps aux propositions de gens qui me connaissent.

15 ans d’existence cette année, ça fait quoi ?
On est content d’être encore là et de faire les choses qui nous plaisent. Ces 15 années sont passées super vite. La fierté n’est pas tant dans le fait d’être encore là mais plus dans le fait que nous avons pu signer des artistes en qui on croyait. Certains sont encore là et on est content pour eux. Mais on est conscient aussi que nous n’avons pas l’impact d’un label comme Ninja Tunes c’est pourquoi on essaye de s’inscrire sur la longueur.

Etiqueté label de musiques électroniques, est-ce toujours le cas en 2011 ?
Non ce n’est plus du tout electro. Si on a quelque chose d’electro qui nous plait on le signera bien entendu mais on ne court pas après. On prend ce qui nous plait.

Quelle est ou quelles sont tes plus belles rencontres ?
J’ai vraiment beaucoup aimé travailler avec Rubin Steiner. On a passé beaucoup de temps  à écouter et à se faire écouter de la musique, à parler de ça. C’était plus une discussion de deux passionnés que d’un label avec un artiste. Les artistes comme Bikini Machine, qui sont très rock’n’roll, sont des chouettes gars avec qui je m’entends bien aussi. Je m’entends bien avec tous les artistes mais cela fait un moment que l’on travaille avec Rubin Steiner et Bikini Machine et on a fait pas mal de route. On se connaît bien et on se fait confiance.

Travailles-tu avec la scène bordelaise ? Et si non pourquoi ?
On a travaillé avec des artistes bordelais comme Zimpala, Mouloud qui était en partie de Bordeaux, Pull. Le deuxième maxi de Double Face que l’on a sorti sur Platinum, était un groupe de Bordeaux. Il n’y a pas non plus une volonté délibérée de travailler avec la scène bordelaise. Si un groupe bordelais nous plait on est prêt à le signer.

L’année 2011 semble une année riche pour le label. Est-ce qu’il t’arrive d’être inquiet pour l’avenir ?
Je suis tout le temps inquiet depuis 4-5 ans. Il y a plein de sorties prévues mais les perspectives s’arrêtent à court terme. On a une visibilité à 6 mois grand maximum économiquement. C’est devenu compliqué de sortir des disques.

Il y a un contexte particulier qui explique cela ?
Les gens n’achètent plus de disques. Le format électronique ne remplace pas le disque. Les ventes numériques ne représentent que 20% des ventes physiques. Cela n’a pas explosé contrairement à ce qui est dit. Les gens ne veulent plus acheter de la musique.

Quels sont les projets pour les mois à venir ?
On a beaucoup de signature en cours. On a 6 à 7 disques en prévision entre la fin 2011 et début 2012. Il y a des nouveaux artistes comme la collaboration d’Ira Lee avec un tourangeau qui s’appelle Fox Head, l’album d’un groupe breton qui se nomme Octopus. Il y a aussi le nouvel album de Fangs, de Pack A.D. qui est produit en partie par le producteur des White Stripes et nouvel album pour Powersolo. Il y a aussi deux ou trois projets de groupes qui sont embryonnaires mais avec qui on va sûrement collaborer.

Merci à Laurent de nous avoir reçu.
Merci à Fabienne de nous avoir proposé cette interview.

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