Trevor Dunn

Le bassiste Trevor Dunn est un touche-à-tout. Sideman pour différents artistes de jazz et de rock, on le connaît surtout pour ses participations au sein de Mr. Bungle et Fantômas aux côtés du sieur Mike Patton. C?est donc sans surprise qu?on le retrouve sortir ce « Sister Phatom Owl Fish » sur Ipecac, label de ce dernier. Deuxième album sous le nom de Trevor Dunn?s Trio-Convulsant, il navigue avec Mary Halvorson (guitare) et Ches Smith (batterie) sur des eaux mouvementées qui lient jazz et métal dans une danse étrange et effrénée.

Peut-être doit-on ces élucubrations à ses influences de jeunesse, à ses profs de basse plutôt branchés par Miles Davis ou Herbie Hancock, à la discothèque de sa mère qui contenait des albums de Charles Mingus et Ahmad Jamal, à son adolescence bercée par le punk et le métal (Slayer, Venom?). Et le tout dans une petite ville de Californie peu éloignée de l?ambiance du Twin Peaks de David Lynch. Peut-être que ses expériences avec John Zorn ou le Krakauer?s Klezmer Madness, ne l?ont pas non plus laissé indemne.

Le trio développe des compositions compliquées en écriture qui laissent pourtant une grande part aux improvisations. La guitare évolue entre solos décadents et explosions d?accords tout en tensions et distorsions. La section rythmique enchaîne cassures, brisures, jouant avec des ambiances de très courte durée. Moment de répits sur Single Petal of a Rose, morceau presque empreint de douceur, due en partie à la participation de la harpiste Shelley Burgon.

« Sister Phatom Owl Fish » constitue un album foisonnant d?idées, pas toujours évidentes à suivre mais qui nourrit allègrement nos sens (r)éveillés. Trevor Dunn se met en danger et nous avec. Sans être jamais certain d?en sortir en un seul morceau, on se laisse pourtant intriguer par cet artiste qui lance (comme l?indique son livret) un grand « Fuck (à la) monoculture ! »