"> Avi Buffalo - Avi Buffalo - Indiepoprock

Avi Buffalo


Un album de sorti en chez .

9

Certains jeunes sont rassurants. Ils aiment Muse ou les BB Brunes, beuglent du Radiohead avec d’effarantes voix de crécelles pour tenter de serrer sur la plage et déversent leurs états d’âmes monosyllabiques sur des Skyblogs dont la mise en page ferait passer le site SNCF pour une oeuvre d’art (cher jeune, ne t’offusque pas : […]

Certains jeunes sont rassurants. Ils aiment Muse ou les BB Brunes, beuglent du Radiohead avec d’effarantes voix de crécelles pour tenter de serrer sur la plage et déversent leurs états d’âmes monosyllabiques sur des Skyblogs dont la mise en page ferait passer le site SNCF pour une oeuvre d’art (cher jeune, ne t’offusque pas : ces lignes sont empreintes de compassion, sache que nous avons été jeunes aussi…). D’autres jeunes sont exaspérants, développent une culture musicale écœurante, écrivent leurs propres morceaux et affichent à la face du monde un talent des plus insolents. Autant dire que s’ils n’étaient pas responsables d’un album jouissif, on aimerait bien envoyer quelques baffes aux quatre Californiens impudents d’Avi Buffalo. Un concentré de bonheur et d’enthousiasme fougueux : c’est la recette toute simple et pourtant irrésistible que nous proposent ces blancs-becs avec un premier album plus gorgé de soleil qu’une orange dans une réclame Tropicana. Une véritable cure de jouvence, portée par le stellaire What’s In It For ?, chanson du siècle de l’année et single tellement lumineux qu’il expliquerait à lui tout seul le réchauffement climatique.

Dans l’esprit, on pense au premier disque du Spinto Band, pour cette juvénilité assumée, revendiquée et cette inconscience aveugle qui incite à toutes les audaces. Sur la forme, moins remuant que le Spinto Band, Avi Buffalo lorgne plutôt avec insistance du côté de la pop sixties avec grand renfort de psychédélisme. Guitares carillonnantes et choeurs à gogo agrémentent ainsi une collection de vignettes plus débordantes de soleil qu’un rosé de Provence. Les critiques, généralement plus que laudatrices, ont souvent mis en avant la voix encore juvénile mais déjà captivante du leader Avi Zahner-Isenberg, ses paroles qui fleurent bon la sortie de l’adolescence, les hormones et les pollutions nocturnes. Outre une évidence aisance mélodique, on signalera également que les parties de guitares œuvrent beaucoup pour le charme de ces chansons. Avi Buffalo construit ses comptines en s’appuyant sur des arpèges à la fois lumineux et flous, des entrelacs de six-corde complexes et pourtant porteurs d’une certaine approximation touchante, comme si ces cascades de notes n’étaient que le fruit d’une fugace coïncidence. On retrouve ainsi dans certains solos (en particulier celui, magique, de Remember Last Time) la virtuosité pataude de Jay « Otarie On Ice » Mascis, miraculeux amalgame de lourdeur et de fragilité.

Qu’importe donc si, après un début d’album époustouflant, quelques titres en milieu de parcours montrent un certain essoufflement : le final, avec le sublime Remember Last Time (une de ces chansons dont on aimerait qu’elles ne finissent jamais, ce qui tombe d’ailleurs assez bien puisqu’elle ne s’achève qu’après plus de sept minutes) puis le poignant Where’s Your Dirty Mind, emporte nos dernières réserves. Il est encore trop tôt pour savoir si cette tocade survivra à la saison ou si cette petite romance ne passera pas l’été, si ce groupe saura mûrir avec élégance ou s’il rejoindra la très longue liste des « groupes d’un disque » (comme on pourrait parler d’un coup d’un soir) : pour l’instant, Avi Buffalo est un véritable coup de foudre, alors profitons-en…

Chroniqueur

La disco de Avi Buffalo

At Best Cuckold7
70%
Avi Buffalo9
90%