"> Binary Audio Misfits - B.A.M. - Indiepoprock

B.A.M.


Un album de sorti en chez .

Un poing américain en forme de clé USB, une onomatopée (BAM) qui dissimule en fait l’acronyme Binary Audio Misfits, la pochette à tiroirs de cet étrange album en résume finalement bien l’essence et la genèse. Derrière ces Misfits se cachent une vieille connaissance (Michel Cloup, ex-Diabologum) et des MCs texans (The Word Association), prolongeant sur […]

Un poing américain en forme de clé USB, une onomatopée (BAM) qui dissimule en fait l’acronyme Binary Audio Misfits, la pochette à tiroirs de cet étrange album en résume finalement bien l’essence et la genèse. Derrière ces Misfits se cachent une vieille connaissance (Michel Cloup, ex-Diabologum) et des MCs texans (The Word Association), prolongeant sur disque une collaboration menée d’abord à distance par échange de fichiers électroniques puis concrétisée sur scène depuis fin 2007. Sur le papier, la collaboration épistolaire entre l’Expérience de Cloup et les rappeurs américains intrigue, même si l’on sait depuis longtemps que le Toulousain aime dépasser le strict cadre du rock et que sa conception lettrée et politique de la musique n’est pas si éloignée de certaines franges du hip-hop.
Du rock d’Expérience on retrouve les guitares mordantes, agressives, qui créent une ambiance tendue, lourde de menaces et évidemment propice au discours volontiers paranoïaque de Cloup. On retrouve aussi, évidemment, sa voix et son chant caractéristiques, qui rappellent inévitablement les grandes heures de Diabologum et donne à l’album un petit goût de madeleine de Proust – paradoxal pour un album qui souhaite en revanche aller de l’avant… Enfin, l’influence Diabologum / Expérience est également bien présente dans les paroles françaises – ce qui réjouira les fans et découragera les détracteurs. La veine contestataire et intellectuelle est toujours aussi identifiable divise toujours autant près de quinze ans après : le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est tout de même la preuve d’une certaine ampleur.
Au-delà de toutes ces considérations, le résultat mérite indéniablement le détour. Dans une veine proche des productions Rhymesayers, cet album représente un essai intéressant de rapprochement entre hip-hop et rock. Comme toujours, la fusion n’est pas parfaite et certaines juxtapositions hasardeuses trahissent le côté légèrement artificiel de l’entreprise, mais pour l’essentiel l’équilibre entre le flow des MCs américains et les guitares saturées crée une vraie tension et donne une cohérence au projet. De la même façon, l’alternance entre langue anglaise et langue française occasionne des variations inattendues. Pourtant, si les morceaux les plus rentre-dedans (Brain Drain Generation, Get Loud Or Get Dyin’) sont très réussis, ce sont deux morceaux plus calmes qui sortent réellement du lot : Melting Wings et son piano élégiaque qui crée une étrange ambiance post-apocalyptique et désolée, bande son idéale pour une bande dessinée d’Enki Bilal, puis No Time Like Now, divagation rap sans réel rythme, blafarde comme le soleil du matin après une nuit blanche.
Virulence du propos, virulence de la musique : autour de ces deux axes principaux, les Binary Audio Misfits ont su bâtir un véritable album, qui va au-delà du simple collage de boucles hip-hop sur fond de riffs rock et propose une belle unité de ton.

Chroniqueur

La disco de Binary Audio Misfits