Le retour de la reine du rock gothique.
Evidemment, en musique comme pour le reste, tout est affaire de goût. On peut ainsi ne pas avoir d’appétence pour les ambiances sombres, voire parfois oppressantes des albums de Chelsea Wolfe. Il n’en reste pas moins que la Californienne, en six albums, a montré une capacité à évoluer sur une palette large, passant tour à tour du folk au rock gothique, d’ambiances doom metal très produites à un minimalisme total, le tout avec un sens de l’écriture certain et une capacité à habiter ses morceaux époustouflante. Bref, Chelsea Wolfe possède à la fois une identité forte et le talent pour faire évoluer l’écrin de ses albums, et ça, c’est la marque des grands. Et, avant même que paraisse « She Reaches Out To She Reaches Out To She », on savait déjà qu’elle allait continuer sa marche en avant, sans aucunement se renier.
Whispers In The Echo Chamber ou Everything Turns Blue, titres déjà dévoilés, avaient en effet pavé le chemin. On avait ainsi compris que ce nouvel album serait le retour à une production très prégnante et une évolution vers des sonorités indus. A la production, justement, c’est Dave Sitek qui s’y colle, dans un style qu’on ne lui avait pas souvent connu jusque-là, mais qui lui permet de s’en donner à coeur joie. Il n’y a donc aucune surprise à découvrir que « She Reaches Out To… » brille par son climat sonore, fait tour à tour de beats puissants, de boucles ensorcelantes, de guitares metalliques et implacables. On ne s’étonne pas non plus que Chelsea Wolfe s’empare de ce nouvel écrin pour tresser des morceaux envoûtants à l’ambiance pas forcément rieuse mais totalement envoûtante, de Everythong Turns Blue à Dusk.
Mais, si on en reste sur ces constats, on peut en conclure que Chelsea Wolfe réussit avec aplomb cette nouvelle étape, sans pour autant sortir de sa « zone de confort ». Pourtant, « She Reaches Out To… » vaut aussi par tout ce que Chelsea Wolfe n’avait pas dévoilé dans les titres lancés en éclaireurs. Car si sa musique a toujours été le réceptacle de ses angoisses et de ses souffrances, existentielles ou bien réelles, la Californienne est aussi à un point charnière de sa vie. Celle-ci a en effet tourné le dos à ses addictions, notamment à l’alcool et affiche une volonté de sortir de la gangue d’angoisse qui l’enserre depuis ses débuts. Et si l’album ne repsire pas la joie de vivre, il n’en est pas moins le récit de cette démarche, aussi lente et difficile soit-elle. Musicalement, cette nouvelle approche s’exprime dès House Of Self Undoing, le bien nommé, qui démarre sur un rythme intrépide, presque échevelé, offrant à la musique de Chelsea Wolfe un souffle inédit. Plus loin, sur Tunnel Lights, un accord de piano timide mais néanmoins bien présent vient se glisser au milieu des beats lourds et implacables, donnant au morceau une teinte plus douce qui ressemble un peu à du trip-hop gothique. Sur The Liminal, ce piano s’impose encore un peu plus sur un morceau à la beauté à la fois fragile et incandescente. Une beauté qu’on retrouve dans Place In The Sun, à la fois porté par sa limpidité mélodique et une production triturée à souhait. Avec « She Reaches Out To She Reaches Out To She », Chelsea Wolfe ajoute non seulement une pierre à une oeuvre qui commence à devenir conséquente mais annonce déjà de nouvelles belles pages à écrire.
- Publication 1 114 vues12 février 2024
- Tags Chelsea WolfeLoma Vista
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Chelsea Wolfe sur la route
Tracklist
- Whispers In The Echo Chamber
- House Of Self-Undoing
- Everything Turns Blue
- Tunnel Lights
- The Liminal
- Eyes Like Nightshade
- Salt
- Unseen World
- Place In The Sun
- Dusk