"> Dez Mona - Moments Of Dejection Or Despondency - Indiepoprock

Moments Of Dejection Or Despondency


Un album de sorti en chez .

A l’origine du projet Dez Mona, il y a un duo, composé de Gregory Frateur, le chanteur charismatique à la voix si particulière, et de son ami, le contrebassiste Nicolas Rombouts. Après un premier album confidentiel, « Pursued Sinners », concocté à deux, le second album, « Moments Of Dejection Or Despondency » s’est étoffé de trois musiciens supplémentaires, […]

A l’origine du projet Dez Mona, il y a un duo, composé de Gregory Frateur, le chanteur charismatique à la voix si particulière, et de son ami, le contrebassiste Nicolas Rombouts. Après un premier album confidentiel, « Pursued Sinners », concocté à deux, le second album, « Moments Of Dejection Or Despondency » s’est étoffé de trois musiciens supplémentaires, Steven Cassiers à la batterie, Roel Van Camp à l’accordéon et Bram Weijters au piano. Et la musique de Dez Mona, qui tient son nom de scène du personnage féminin de Desdémone dans Othello de Shakespeare, s’est elle aussi du coup vêtue d’habits non pas chatoyants mais du moins plus épais, sans néanmoins varier les coloris, le sombre se disputant au sombre. Chez Dez Mona, on rigole rarement, les thématiques usées jusqu’à la corde traitant de pardon, d’amour contrarié, de désespoir.

Sur le morceau d’ouverture, Arid Song, règne tout d’abord le calme, avec une note de piano frêle, accompagnée par la contrebasse de Nicolas Rombouts. Puis apparaît la voix de Gregory Frateur, certes pas apaisée, mais il se met soudain à implorer (qui d’ailleurs ?), de venir le sauver. L’accordéon de Roel Van Camp l’accompagne dans ce long cri du cœur. Il demande, par la suite, de pardonner à ses larmes de couler, sur Forgive My Tears, et ce morceau prend vite à la gorge. Le passage le plus beau est sans aucun doute, She Says It’s Not For Long. En effet, ce rare moment d’accalmie est l’unique occasion pour le groupe de converser en parfaite harmonie, et Gregory Frateur, pour une fois, ne vole pas la vedette aux musiciens. L’accordéon est remis à l’honneur, et perd enfin le cliché musette qui lui colle trop souvent au nez. Il en devient même émouvant. Sur Flawless Daughter, Gregory Frateur invite Sjoerd Bruil à venir chanter avec lui, et cela fait du bien d’entendre un autre grain de voix.

I Lost My Power For You Lord (dialogue exquis et touchant entre les amis de toujours, Frateur et Rombouts) fait partie de ces moments de découragement et de désespoir qui sont souvent cruels et tristes, à l’image de leur interprète, Gregory Frateur, torturé et ténébreux, qui sans aucune gêne, fait étalage de ses tourments et prend ce disque comme un remède d’expiation et de confession face à un Dieu qui l’aurait abandonné (ou l’inverse). Ces confessions intimes sont parfois chuchotées, le plus souvent hurlées à la face de l’auditeur, qui en a les tripes toutes retournées.

Etude For A Killer donne à entendre l’étendue du talent du pianiste Bram Weijters. Sister est un morceau chaloupé, plus gai qu’à l’accoutumé, dû à la batterie agile de Steven Cassiers. Murderers Home continue sur cette lancée, mais là où le bât blesse, c’est que Gregory Frateur en fait des tonnes avec sa voix, qui devient grêle et bêlante, et rend du coup le morceau inaudible. Fort heureusement, le dernier morceau, It Goes, dans la plus pure tradition jazz, est d’une délicatesse extrême, et clôt l’album sur une note, si pas positive, du moins apaisante. Gregory Frateur n’a pas encore fait la paix avec ses démons, mais il démontre du reste qu’il est fort bien entouré, que sa complicité avec Rombouts et les autres musiciens est génératrice de moments sublimes, et c’est déjà beaucoup.

Dez Mona oscille entre gospel, soul, cabaret à la Kurt Weill, jazz, mais dans un style vraiment unique. Comme si la Belgique se situait plutôt sur la carte du tendre que sur une mappe-monde. Le terreau du surréalisme a enfanté un groupe aux contours flous, qui s’il venait d’un autre pays, serait vite catalogué, mais qui fort heureusement bénéficie d’une rare liberté, non seulement de création, mais aussi identitaire. Cet album, encore façonné à l’artisanal, et diffusé à l’intérieur des frontières du royaume, est une fort belle surprise, que l’on souhaite encore garder au chaud, sans trop en parler autour de soi.

Chroniqueur

Tracklist

  1. Arid Song
  2. Forgive My Tears
  3. Red Light
  4. She Says It's Not for Long
  5. Flawless Daughter
  6. The Guy
  7. I Lost My Power to You Lord
  8. Etude for a Killer
  9. Sister
  10. Murderers Home
  11. It Goes