Dans le civil, Nigel et Klive Humberstone sont frères jumeaux, mais à la nuit tombée, loin de nos petites préoccupations quotidiennes, ils se transforment depuis 1981 en In The Nursery. Souvent sollicités pour faire figurer leurs morceaux sur des B.O. hollywoodiennes (« Entretien avec un vampire », « Erin Brockovitch », etc.), ils sortent régulièrement sur Optical Music, division […]

Dans le civil, Nigel et Klive Humberstone sont frères jumeaux, mais à la nuit tombée, loin de nos petites préoccupations quotidiennes, ils se transforment depuis 1981 en In The Nursery. Souvent sollicités pour faire figurer leurs morceaux sur des B.O. hollywoodiennes (« Entretien avec un vampire », « Erin Brockovitch », etc.), ils sortent régulièrement sur Optical Music, division de leur propre label, de nouvelles musiques pour illustrer des films muets des années 1920. Après « Le Cabinet du Dr Caligari » de l?allemand Robert Wienne, « Man with a Movie Camera » du ?alors soviétique? Dziga Vertov et quelques-autres, c?est aujourd’hui à une ?uvre du japonais Teinosuke Kinugasa qu?ils redonnent une deuxième jeunesse : « A Page of Madness ».

L?histoire est celle d?un ancien marin travaillant comme concierge d?un asile pour surveiller sa femme qui y a été enfermée après avoir tenté de noyer leur enfant. Sombre exercice de style qui joue avec les effets spéciaux de l?époque (1926) et évoque les distorsions de la perception en les montrant de l?intérieur. Dans cet esprit d?avant-garde, les frères Humberstone réalisent leur bande originale la plus électronique (domaine dans lequel on les retrouve généralement) même si ces sonorités sont unies à des instruments japonais traditionnels (koto et autres percussions) et des sons organiques retravaillés.

L?ambiance du film entraîne une atmosphère générale relativement claustrophobique et entêtante, qui nous pousse à nous mettre dans une certaine forme d?aliénation? Les motifs développés tout en étant mélodiques et empreints d?une certaine douceur, n?en demeurent pas moins inquiétants. Et lorsque tout s?arrête, c?est le silence qui nous oppresse.

Les anglais d?In The Nursery, réalisent une B.O. torturée qui intrigue et donne envie de découvrir ce film de Kinugasa. Frustration qu?il faudra bien apprendre à maîtriser puisque ce film, déjà confidentiel, a quasiment disparu de la circulation. A moins qu?une salle française se donne les moyens, comme ce fut le cas en juillet en Australie et en Nouvelle-Zélande, de nous proposer cet étonnant spectacle. Souhaitons simplement que cette attente ne nous rende pas tous fous?

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Chroniqueur

• Publication 640 vues26 novembre 2004
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