"> Kindness - World, You Need A Change Of Mind - Indiepoprock

World, You Need A Change Of Mind


Un album de sorti en chez .

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Au détour d’une rue de Prenzlauer Berg, l’œil est tout d’un coup attiré par un visuel bien spécifique. Là, exposée à la vue de tous, en vitrine d’un disquaire underground comme seul Berlin peut en cacher, une pochette d’album en nuances de gris. Aucun nom, ni titre. Seul le buste d’un hurluberlu au cheveu hirsute […]

Au détour d’une rue de Prenzlauer Berg, l’œil est tout d’un coup attiré par un visuel bien spécifique. Là, exposée à la vue de tous, en vitrine d’un disquaire underground comme seul Berlin peut en cacher, une pochette d’album en nuances de gris. Aucun nom, ni titre. Seul le buste d’un hurluberlu au cheveu hirsute se détache d’un fond neutre. Un sautoir au visage animal aussi mais, qu’importe, le type a l’air cool. Kindness, qu’il s’appelle en plus. La logique voudrait que le contenu soit tout autant électrisant que le contenant… emballez, c’est pesé : achetons !

Et là, la claque. D’où peut bien venir un truc pareil ? Adam Bainbridge est l’homme aux commandes de l’ovni, un musicien britannique plus ou moins sorti de nulle part. Pensé, créé et enregistré entre Berlin et Philadelphie, « World, You Need A Change Of Mind » est le premier disque de monsieur… et un premier disque de haute volée. Possible que la présence de la moitié de Cassius, Philippe Zdar, à la production y soit bien pour quelque chose. Et puis quoi ?

D’emblée, la tonalité de l’album surprend. Problème spatio-temporel ? Entre rythmes funk à souhait, solos de saxophone, réverbérations vocales et synthés, le spectre des eighties frappe haut et fort ! Un peu boudées, si ce n’est rejetées, les années 1980 ne cessent finalement d’être pillées à droite à gauche. Kindness, lui, n’y va pas de main morte, allant presque jusqu’à réhabiliter le délire. Grand bien nous fasse.

En parlant de délire, celui-ci est nettement autiste. L’ensemble a un caractère introspectif indéniable ; comme une confrontation entre Kindness et la liste (non-exhaustive ?) de ses références. Sa défense : les assimiler et les appliquer à l’air du temps. En résumé, sa force réside en sa capacité à réanimer généreusement tout le son d’une époque et à gagner ainsi en intemporalité. Le morceau d’ouverture, SEOD, pose les bases d’un album construit, hyper référencé et intellectuel. Une introduction stellaire pompée sur Saturday Love de Cherrelle/Alexander O’Neal, un rythme qui n’en démord pas, un chant habité, fantomatique presque, et un instrumental hantant avec une partie de saxophone lancinante à la clef.

Mais si l’album se semble pas de prime abord taillé pour le dancefloor avec des titres comme Bombastic ou Anyone Can Fall In Love, le slow du disque, le tout ne manque pas de groove comme en atteste Gee Up ou encore That’s Alright. Kindness nous assure que le néo disco-funk a encore de beaux jours devant lui, distillant cette aura incroyable, ce magnétisme fou : comment ce type complètement à contre-courant peut-il nous envoûter à ce point ?

Alors oui, c’est très référencé et tout ce que vous voudrez mais, chose rare, il ne cherche pas à s’en démarquer et donc nous lui saurons gré de ça. Alors allons-y, nourrissons-nous à notre tour des gimmicks et des vibes d’Adam Bainbridge parce qu’on ne se reprendra pas pareille baffe de sitôt !

Chroniqueur

Tracklist

  1. SEOD
  2. Swingin' Party
  3. Anyone Can Fall in Love
  4. Gee Wiz
  5. Gee Up
  6. House
  7. That's Alright
  8. Cyan
  9. Bombastic
  10. Doigsong

La disco de Kindness