Maissiat

Encore un album en français dans le texte. Décidément, on arrête plus le formidable élan qui anime la production d’albums francophones en ce début d’année 2013. Aline, Granville, Albin de la Simone, Robi et même Pierre Lapointe de l’autre côté de l’Atlantique ont déjà tous placé leurs banderilles et frappé fort. Au milieu de tout […]

Encore un album en français dans le texte. Décidément, on arrête plus le formidable élan qui anime la production d’albums francophones en ce début d’année 2013. Aline, Granville, Albin de la Simone, Robi et même Pierre Lapointe de l’autre côté de l’Atlantique ont déjà tous placé leurs banderilles et frappé fort. Au milieu de tout cela, une petite nouvelle, Maissiat, Amandine de son prénom, propose à son tour un premier album solo après avoir œuvré par le passé en tant que chanteuse et guitariste du groupe Subway. Avec « Tropiques » c’est au piano qu’elle a cette fois décidé de faire ses preuves. Et bien lui en a pris, car avec ses dix compositions aux horizons divers, notre Française fait étalage de toutes les qualités qui étaient partiellement enfouies en elle et prouve qu’elle possède aisément de quoi bousculer la hiérarchie. Voix douce, aisance mélodique, propos imagés et poétiques, les caractéristiques de la signature Maissiat marquent rapidement les esprits, offrant une entame d’album tout de suite décisive : Le Départ et sa mélodie à la fois ronronnnante et pénétrante, puis Trésor avec ses mots presque sussurés, ses arrangements rassurants et son joli break qu’on jurerait sorti du chapeau d’un Julien Ribot.

Une entrée en matière comme porte d’entrée idéale à un univers qui est à ce moment-là loin d’avoir révélé tous ses secrets, n’hésitant ensuite pas à coincer l’auditeur dans quelques sombres recoins. Car une ombre plane au-dessus de nos têtes, exprimant plus ou moins son influence selon les morceaux et insufflant le moment venu une petite dose de noirceur alliée à un parfum d’inquiétude. Cette ombre c’est celle de Katel, venue encadrer la réalisation de ce disque et dont on relève quelques empreintes sur certains titres en décalage avec la douce luminosité des premières minutes. Une façon de chanter transmise par-ci (La Fabrique des Fauves), une influence encore plus profonde remarquée par-là (Tropiques) et tout nous indique alors clairement que l’auteur de « Raides à la Ville » et « Decorum » est venue mettre les mains dans le cambouis pour enrichir l’album de sa petite protégée du moment. Une collaboration fructueuse qu’on devine être à l’origine d’un surcroît de confiance et d’ambition en partie palpable, encourageant même Maissiat à approcher de près le territoire du grand Bashung le temps d’un Jaguar en tous points réussi. Ajoutez à cela une poignée d’autres titres touchés par la grâce, comme Havre-Caumartin, Soûle ou Jour de Chance et vous obtenez là les derniers arguments qu’il manquait peut-être pour vous convaincre définitivement d’aller faire un petit tour du côté des « Tropiques ». Vous verrez, le voyage vaut bien plus d’un détour.