Voilà un peu plus de dix ans que Mathieu Boogaerts promène sa silhouette d’éternel ado en marge de la chanson française. Sur son nouveau disque, il a bousculé ses habitudes. Dans un besoin de se réinventer, il a retrouvé un amour de jeunesse : la batterie. Alors qu’avant, c’était plutôt à la guitare qu’il composait, il […]
Voilà un peu plus de dix ans que Mathieu Boogaerts promène sa silhouette d’éternel ado en marge de la chanson française. Sur son nouveau disque, il a bousculé ses habitudes. Dans un besoin de se réinventer, il a retrouvé un amour de jeunesse : la batterie. Alors qu’avant, c’était plutôt à la guitare qu’il composait, il s’est enfermé à Bruxelles, dans un ancien stand de tir de la police, passant ses journées à faire tourner sans relâche des rythmes, pour en extraire ses chansons.
A la première écoute, on sera un peu déçu, constatant que, finalement, Boogaerts fait toujours du Boogaerts : la voix est toujours bizarrement en retrait, comme s’il ne croyait pas une seconde à ce qu’il raconte. Pourtant, on se laisse prendre au charme de ces vignettes faussement naïves, quelque part entre poésie absurde et chroniques douces-amères d’une vie sentimentale bancale.
Les textes sont souvent drôles, bien écrits et bien servis par la musique. Boogaerts mélange français et anglais, fait rimer « J’aimerais bien que tu m’appelles » avec « This is time to ring my bell », le tout prononcé avec un accent franchouillard totalement revendiqué et exagéré. Le résultat est assez jouissif.
Sous ses airs de gendre pas tout à fait idéal, un peu trop lunaire et finalement un peu barjot, Boogaerts cache une âme de rebelle : il raille notre époque apathique et coincée sur Fais Gaffe ou Chappe de béton. Parfois, la folie douce éclate au grand jour : Jambe, l’excellent Do you feel ok, ou lors de breaks inattendus (Game Over). Mathieu est étonnamment touchant sur Bandit ; son chant hésitant collant parfaitement avec cette déclaration à cheval entre premier et second degré, sincérité et maladresse.
Musicalement, le résultat lorgne sur la new-wave ou le funk : Guitares son clair, chœurs, trompettes midi, et claviers analogiques complètent le tableau. On pense parfois à une sorte de cousin débonnaire et faussement calme de Prince. Alors laissons le mot de la fin à Mathieu : « J’ai envie qu’on me dise que la musique d’I Love You est sexy » : Mission réussie.
- Publication 608 vues16 avril 2009
- Tags Mathieu BoogaertsTôt ou Tard
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Mathieu Boogaerts sur la route
Tracklist
- Come to Me
- All I Wanna Do
- Chappe de béton
- Jambe
- Fais gaffe
- Chaque fois
- Do You Feel OK
- Bandit
- Corinne
- Allez
- Game Over
- I Love You