On désespère parfois de ne pas avoir en France un paysage musical qui puisse rivaliser avec nos voisins anglais. Voir, Outre-Manche, une nouvelle tête comme Mika dilapider un héritage pop aussi précieux et immédiatement rencontrer le succès pourrait nous donner du grain à moudre. Mais il existe en Angleterre de jeune songwriters comme ce Patrick […]
On désespère parfois de ne pas avoir en France un paysage musical qui puisse rivaliser avec nos voisins anglais. Voir, Outre-Manche, une nouvelle tête comme Mika dilapider un héritage pop aussi précieux et immédiatement rencontrer le succès pourrait nous donner du grain à moudre. Mais il existe en Angleterre de jeune songwriters comme ce Patrick Wolf, bourrés de talent et d’ambitions mises à profit avec un goût bien plus sûr. Après s’être vraiment révélé avec Wind In The Wires en 2005, c’est cette fois avec le soutien d’une major qu’il s’apprête à réellement rencontrer le succès avec ce troisième album. Seul bémol ? La division française de Polydor ne semble pas pour le moment décidée à faire d’effort pour promouvoir ce disque dans notre beau pays…
Cela n’empêchera pas les curieux d’aller à la rencontre de ce petit phénomène. Ce qui fait l’intérêt de son univers, c’est le mariage d’une écriture folk pop parfois parée d’arrangements electro comme chez Björk, parfois de gimmicks années 80 ou de lignes de violon sorties tout droit de symphonies classiques ; des chansons sur lesquelles viennent se poser une voix assurée, fière et néanmoins poignante. Patrick Wolf, ce serait un peu un David Bowie qui remplace les paillettes par l’inspiration des frimas d’automne, l’ambiguïté sexuelle par le romantisme de Thomas Hardy.
Sur ce troisième album, il ne renie rien de ses essais précédents mais y ajoute un sens de l’équilibre et de la structure. C’est ainsi qu’il place trois titres pop lumineux et aérés en début d’album avant de démontrer son audace avec l’enchaînement The Bluebell / Bluebells, le premier morceau servant de prélude délicat au suivant, beaucoup plus enlevé et accrocheur.
C’est ensuite le grand frisson sur Magpie : piano de jour de pluie, violon qui pleure et, cerise sur le gateau, la grande Marianne Faithfull qui vient poser sa voix en milieu de morceau, tel un ange sulfureux et protecteur. Grand moment encore avec Augustine, lumineux et introspectif, tout comme Enchanted. Entre les deux, Patrick Wolf aura convaincu, sur Secret Garden, qu’il respire un air que tous ne partagent pas.
Voici l’un des tous meilleurs disques de ce début d’année, d’ores et déjà candidat pour faire encore parler lui à l’heure des bilans. Va-t’on encore tourner le dos longtemps à ce genre d’oiseaux rares ?
- Publication 528 vues8 mars 2007
- Tags Patrick WolfPolydor
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