"> Sonic Youth - Murray Street - Indiepoprock

Murray Street


Un album de sorti en chez .

La schizophrénie chez les Sonic Youth se porte bien. Merci pour elle. Et l’adjonction de Jim O’Rourke en qualité de cinquième membre permanent n’y changera rien. Bien au contraire, la nouvelle recrue (producteur émérite, musicien dans des combos influents de Brise glace et Gastr del Sol et quelques disques solos tout à fait fréquentables) s’inscrit […]

La schizophrénie chez les Sonic Youth se porte bien. Merci pour elle. Et l’adjonction de Jim O’Rourke en qualité de cinquième membre permanent n’y changera rien. Bien au contraire, la nouvelle recrue (producteur émérite, musicien dans des combos influents de Brise glace et Gastr del Sol et quelques disques solos tout à fait fréquentables) s’inscrit dans la même problématique (ou maladie) que nos new- yorkais, à savoir être pris en tenaille entre la tentation de faire des morceaux délicieusement pop et le goût de l’expérimentation sonore.

Après un « New York ghost flower » tendu et parfois chaotique, peu apprécié par la critique, Sonic Youth nous revient avec « Murray street » (le nom de la rue où se trouve leur studio à Manhanttan) un album dual, touchant et intransigeant. L’album s’ouvre sur « The empty page », un morceau étonnamment pop ou des guitares cristallines font écho à la voix éternellement jeune de Thurston Moore.

« Disconnection notice » et « Rain on tin » continue dans la même vaine mélodique – un Sonic Youth bien sage loin de l’abrasivité dissonante qu’on a pu lui connaître par le passé. Mais à partir de « Karen Coltrane revisted », chanté par l’impeccable Lee Ranaldo, l’album prend un tout autre tour, plus expérimental et audacieux à la fois. Le morceau se termine par un longue plage bruitiste à l’ambiance électrique et sombre.

« Radical Adults Lick Godhead Style », autre morceau de choix, constitue un bel effort de rapprochement entre l’univers du rock et ses guitares ferrailleuses et le free jazz representé ici par deux saxophones free sous acide – un beau bruit magnifiquement maîtrisé. Il faut attendre la fin de l’album pour entendre la voix de Kim Gordon toujours aussi chancelante et belle dans sa fragilité.

« Murray street » se nourrie à merveille de la schizophrénie qui habite Sonic Youth depuis ses débuts il y a déjà vingt ans et constitue en ce sens une bonne approche pour découvrir les multiples facettes de ce groupe définitivement insaisissable. Les fans eux resteront sur leur faim, conscient que si la recette marche, il n’y a rien de bien nouveau chez ces défricheurs de talent.

Chroniqueur