"> Yard Act - The Overload - Indiepoprock

The Overload


Un album de sorti en chez .

Premier album d'un des phénomènes d'outre-manche annoncés.

Tout change pour que rien ne change. Ce proverbe pourrait certainement, ne serait-ce qu’en partie, s’appliquer à l’évolution du monde de la musique, et plus précisément outre-manche. L’évolution des genres, les tendances, la dématérialisation de la musique, tout cela a contribué à redistribuer les cartes. Du moins le pensait-on. Mais, finalement, pour continuer à filer les proverbes, plus on chasse le naturel, plus il revient au galop. Depuis quelques années, le rock à guitares qu’on disait moribond, voire désuet, a fait son retour, avec pour carburant les mêmes sempiternels ingrédients : soubresauts sociaux et sociétaux, cette fois-ci, pour faire court, le Brexit, et une jeunesse qui ne trouve pas meilleur terrain d’expression que des riffs rageurs et des textes gouailleurs pour dépeindre l’état de tension dans lequel ils vivent. Et, tout naturellement, les gros labels, en tout cas ceux qui ont résisté aux turbulences du téléchargement sauvage et de la prise de pouvoir du streaming ne veulent pas rater le coche.

La publication de « The Overload », le premier album de Yard Act, nous ramène ainsi, dans son cheminement, plus de vingt ans en arrière. Groupe originaire de Leeds, composé de jeunes musiciens qui étaient déjà dans le circuit depuis quelques années et vivotaient, sans rencontrer un franc succès, dans diverses formations et qui, réunis au sein de la même formation, font sauter la banque. Résultat, quelques titres lâchés au long de 2021 et réunis dans un EP, un bouche à oreilles favorable, et le tour est joué. Signature chez Island, premier album annoncé et publié en début d’année histoire de jouer sur la hype. Musicalement, évidemment, Yard Act ne révolutionne rien, ce qui n’empêche pas de s’intéresser aux ingrédients qu’ils privilégient. On a mis le groupe dans la case post-punk par commodité, pour une formule qui les voit privilégier la guitare et la batterie pour donner le tempo, à l’aide de riffs serrés et de martèlement des fûts assez binaire, le tout pour soutenir un chant souvent à la limite voire complètement dans le parlé. Et, tout naturellement, les paroles font défiler les personnages préférés de l’Angleterre actuelle, des nouveaux riches cyniques aux vagues paumés en passant par le footballeur à bout de souffle. Comme souvent face à tel phénomène, on convoque l’esprit de Mark E. Smith et on relève que le patronyme du leader de la bande est précisément James Smith. Mais comme outre-manche on s’appelle Smith comme on s’appelle Martin chez nous, il n’y a pas forcément lieu de s’y attarder.

Signe des temps, James Smith cite d’ailleurs parmi ses influences majeures les Arctic Monkeys et notamment les textes de leur premier album. Effectivement, c’est plutôt à ce versant de la musique anglaise de ces dernières décennies qu’on pense à l’écoute de « The Overload », davantage versé dans la pop que dans la radicalité, le tout saupoudré d’un réalisme gentiment ironique. Et, comme nombre de premiers albums de cette lignée, « The Overload » possède à peu de choses près les mêmes qualités et les mêmes défauts. Parmi les qualités, on louera le démarrage pied au plancher qui, le temps des quatre premiers titres, met facilement l’auditeur dans sa poche. Les guitares groovent de façon fédératrice, le chant bavard et souriant de James Smith est à l’aise, notamment sur Payday et Rich. Et puis, parmi les défauts, on pointera que la limite est qu’une fois la première salve passée, on a la sensation que tout est dit ou presque. The Incident et Witness sont en pilote automatique. Il faut attendre Tall Poppies pour véritablement être de nouveau « captif », et ce grâce à une petite inflexion. Sur ce titre, Yard Act acceptent de ralentir un peu le rythme et d’équilibrer les choses entre couplets qui laissent glisser le récit et ponts instrumentaux. Le morceau dépasse d’ailleurs les six minutes et se détache du format du reste de l’album qui excède rarement les 3:30, norme quasiment réglementaire. Le temps de Tall Poppies, Yard Act ne sont pas très loin de Pulp au temps de leur grandeur, ce qui leur laisse d’intéressantes perspectives d’avenir. En conclusion, « The Overload » n’est pas tant un album à évaluer intrinsèquement qu’un nouvel exemple que le rock british a toujours cette capacité à se revigorer. Dans une période aussi éprouvante que celle que nous vivons, sentir une sève nouvelle irriguer la pop n’est pas à négliger.

Rédacteur en chef
  • Pas de concert en France ou Belgique pour le moment

Tracklist

  1. The Overload
  2. Dead Horse
  3. Payday
  4. Rich
  5. The Incident
  6. Witness (Can I Get A?)
  7. Land Of The Blind
  8. Quarantine The Sticks
  9. Tall Poppies
  10. Pour Another
  11. 100% Endurance

La disco de Yard Act

Where’s My Utopia ?5
50%
The Overload7
70%