"> Top Albums IPR 2018 - Indiepoprock

Top Albums IPR 2018

Comme dit le proverbe, chacun voit midi à sa porte. En 2018, il s’applique parfaitement à l’année musicale. Il y a eu des disques, énormément, même peut-être trop, comme souvent, il y a eu de bons albums, voire très bons, mais il n’y eu ni disque fracassant ni révélations à même de faire l’unanimité chez les fans de musique indé. Conséquence, il suffit de regarder les classements publiés à droite et à gauche pour constater qu’on ne retrouve quasiment pas d’artistes récurrents qui ont largement rallié les suffrages des uns et des autres, et le nôtre ne fait évidemment pas exception. Et même si la notion de classement est par nature sujette à caution, jamais peut-être elle n’aura été autant remise en question.

Car en 2018, de manière encore plus marquée que les années précédentes, ceux qu’on aura aimé auront avant tout brillé par leur habileté à s’approprier les genres, à les marier, à les remettre à l’honneur, mais sans bousculer nos repères. A ce jeu, Beach House auront certainement été les plus habiles dans la mesure où « 7 » leur a permis de poursuivre sans accroc leur parcours impeccable, d’enrichir leur palette sonore et leurs dynamiques, tout en bouclant la boucle si on met ce disque en perspective avec la production musicale de ces dernières décennies. Le fait qu’ils soient « coiffés sur le poteau » en tête de notre classement par The Voidz, le projet (de moins en moins) parallèle de Julian Casablancas, est à la fois anecdotique et révélateur de l’aspect de cette année musicale. « Virtue » est un album que peu ont réellement mis tout en haut de leur liste des disques de l’année mais qui se retrouve là parce qu’il s’est vu fréquemment cité et ceux qui l’ont fait ont apprécié l’habileté de Casablancas et consorts à se réapproprier des dynamiques et des codes tout sauf neufs, mais avec modestie et sans recherche du tape-à-l’oeil, soit à peu près tout le contraire des Strokes. Quant à la présence des Suisses de Peter Kernel pour compléter le podium, elle est là à point nommé pour rappeler que, envers et contre tout, les groupes à guitares restent incontournables, pour pointer l’urgence ou explorer des territoires de moins en moins balisés.

2018 aura aussi livré son lot de révélations, Tamino et son folk sophistiqué ou David Assaraf et sa remise à l’honneur d’une chanson française ambitieuse sont là pour en témoigner, sont lot de franc-tireurs à la constance exemplaire, des new-yorkais d’Elysian Fields en passant par Dominique A, 2018 nous aura permis de réentendre Bashung en version inédite, de voir aussi des chantres du cross-over revenir en pleine forme après un petit coup de mou post Mercury Prize (Young Fathers et le superbe « Cocoa Sugar »). Evidemment, on ne doute pas que beaucoup vont pointer les absents ou crier au scandale ou à l’ineptie sur la présence de certains et c’est tant mieux, car tant qu’il y aura du débat, il y aura de la vie. Ce petit coup d’oeil dans le rétro effectué, on vous donne déjà rendez-vous en 2019, les oreilles grand ouvertes.

 

Rédacteur en chef
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