Certains artistes sont des balises dans la musique indé, et Bill Callahan en fait partie. Un type qui depuis près de vingt ans sème sous le nom de Smog ses albums au rythme d’à peu près un par an, des albums intemporels sur lesquels il promène son mal-être et sa voix à la fois solide […]
Certains artistes sont des balises dans la musique indé, et Bill Callahan en fait partie. Un type qui depuis près de vingt ans sème sous le nom de Smog ses albums au rythme d’à peu près un par an, des albums intemporels sur lesquels il promène son mal-être et sa voix à la fois solide et mélancolique. Mais surtout des albums dont on sait d’avance qu’ils recèleront au minimum quelques pépites, et qu’ils ne seront jamais anecdotiques.
C’est aujourd’hui sous son nom propre qu’il publie "Woke On A Whaleheart". Au départ on se dit que c’est juste pour la forme, mais dès qu’on rentre dans le disque, on comprend que c’est tout autre chose qui se joue. Autant les disques de Smog sont pour la plupart dépouillés et sombres, autant celui-ci se révèle très vite bigarré, accueillant, presque luxuriant dans son instrumentation. On en prendra pour preuve Diamond Dancer et son violon virevoltant, Sycamore et ses choeurs féminins sur le refrain. Encore plus impensable, on entend des rires sur The Wheel.
Ce qui est épatant est que cette mutation se fait sans révolution, sans enlever d’aucune manière à la profondeur de sa musique. Bill Callahan a toujours les pieds bien ancrés dans la tradition américaine et se plaît à écrire des pépites de blues, de folk et de country. Sur Honeymoon Child on a l’impression de voir défiler une Amérique fantasmée des grands espaces, bercés par une slide guitare légère et la voix de Callahan. L’album se referme sur une ballade dont le titre nous donne un aperçu de la sensibilité et de la sagacité de son auteur, et l’on en ressort avec le sentiment d’avoir assisté à une bien belle mue, d’avoir fait un voyage, mais également le sentiment important d’avoir été confronté à la substance même de la musique : des chansons, du talent pour leur donner vie, et rien d’autre.
- Publication 850 vues19 avril 2007
- Tags Bill CallahanDrag City
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