Feist a l’éclectisme éclatant. L’insaisissable canadienne – passée par la relais Broken Social Scene on ne sait guère où exactement dans son parcours, à moins que le collectif ne soit le point de départ, ou même l’arrivée – a peaufiné un quatrième album solo polymorphe, à l’image de ces lignes brisées prenant forme sur la […]
Feist a l’éclectisme éclatant. L’insaisissable canadienne – passée par la relais Broken Social Scene on ne sait guère où exactement dans son parcours, à moins que le collectif ne soit le point de départ, ou même l’arrivée – a peaufiné un quatrième album solo polymorphe, à l’image de ces lignes brisées prenant forme sur la pochette.
Jazz, folk, pop, rythmes bossa nova ensoleillés ou notes tombant légèrement comme de fines gouttes de pluie, la chanteuse transporte, arrête, agite dans une grâce tout en contrôle (The Park, suivi de The Water, laissent sans voix). Peu étonnant de la part de celle qui fait le pont entre Peaches et les Kings Of Convenience. Et puis, c’est bien pourquoi on aime Feist, celle-ci ne se perd pas dans une facile utilisation de ses cordes vocales les plus tristes. Sealion feint de s’élever entre rock, gospel et le "killa-killa-killa" du Caroline’s A Victim de Kate Nash.
Feist se révèle parfaite interprétatrice d’une pop aux légers accents country ou piano bar de 20 ans d’âge (1234) ; c’est pourtant dans un océan écrasant d’étendue que les quatre dernières pistes, tragique errance nautique, mettent fin à un parcours audacieux. Des torrents martelés de My Moon My Man à ce vertigineux estuaire, seul le passage par Past In Present est délicat à négocier, son énervement mielleux venant plomber quelque peu une ambiance de franc majeur levé en direction des conventions. Fort heureusement, le tir est vite rectifié (The Limit To Your Love, simple et sublime). Il n’avait réellement dévié de toute façon.