Au rythme effréné d’un album paru, en moyenne, tous les deux ans, Low a su se tailler une solide réputation depuis ses débuts avec l’avant-gardiste « I Could Live In Hope » (1993). Dans l’ombre d’un grunge en pleine explosion, le groupe originaire du Minnesota proposait alors l’antithèse parfaite aux guitares écorchées déferlant à l’époque sur les ondes. Par son […]
Au rythme effréné d’un album paru, en moyenne, tous les deux ans, Low a su se tailler une solide réputation depuis ses débuts avec l’avant-gardiste « I Could Live In Hope » (1993). Dans l’ombre d’un grunge en pleine explosion, le groupe originaire du Minnesota proposait alors l’antithèse parfaite aux guitares écorchées déferlant à l’époque sur les ondes. Par son rock minimaliste et ses mélodies downtempo, Low s’érigea en figure de proue du mouvement slowcore, validé avec un indéniable talent sur les excellentes productions que furent « Long Division » (1994) ou encore « Secret Name » (1998). Tandis que l’ami Kurt Cobain emporta l’essence même du grunge entre ses quatre planches, le trio poursuivit tranquillement son petit bonhomme de chemin. Malgré des successions chroniques de troisième musicien (quatre depuis la création du groupe) et un poids des années de plus en plus marqué, le duo spirituel Parker/Sparhawk n’a, quand à lui, jamais perdu la moindre once de sa superbe. A la lumière d’albums aux sonorités parfois diverses mais tout aussi classieuses – « The Great Destroyer » (2005) ou encore le revendicatif « Drums & Guns » (2007)- le couple est toujours parvenu à démontrer toute l’étendue de son génie créatif, délectable et affûté comme au premier jour. Et il le prouve une fois encore avec « The Invisible Way », dixième album d’un groupe qui ne paraît finalement pas célébrer ses vingt années d’existence.
Même si à l’évidence, et ce depuis plusieurs albums déjà, la musique de Low s’inspire d’un folk-rock plus contemporain, les lignes rythmiques n’en conservent pas moins leur sphère indolente. Les deux morceaux d’accueil, Plastic Cup et Amethyst incarnent d’entrée les préludes d’un savant mariage entre harmonies vocales épurées et minimalisme instrumental (piano, cordes, fûts soigneusement caressés). L’absence du moindre arrangement laisse donc naturellement place à une charge émotionnelle toute en limpidité, palpable sur bon nombre d’autres pièces de l’album (Holy Ghost, Waiting, On My Own…). Même lorsque Mimi Parker s’adonne seule sur des titres davantage pop, sa puissance phonique agrémente lumineusement les cadences plus soutenues imposées par So Blue ou l’excellent Just Make It Stop, là où, en légitime briscard, Alan Sparhawk soumet de son côté une florissante patte bluesy (Clarence White, Mother). Cette complémentarité, bonifiée avec l’âge, n’a jamais semblé aussi proche d’atteindre ses propres cîmes. Elle fait définitivement la véritable force de chacune des pistes proposées sur cet opus.
Produit par Jeff Tweedy (leader du groupe alternatif Wilco), « The Invisible Way » est un recueil à la fois sobre et profond, où ses deux âmes directrices parviennent de bout en bout à conserver toute la dimension qu’ils souhaitaient lui offrir. De la beauté, rien que de la beauté…
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- Publication 943 vues3 décembre 2013
- Tags LowSub Pop
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Tracklist
- Plastic Cup
- Amethyst
- So Blue
- Holy Ghost
- Waiting
- Clarence White
- Four Score
- Just Make It Stop
- Mother
- On My Own
- To Our Knees