"> Mark Lanegan - I'll Take Care Of You - Indiepoprock

I’ll Take Care Of You


Un album de sorti en chez .

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Lorsque Mark Lanegan s'attelle à composer un album de reprises, il ne choisit pas seulement de clôre sa trilogie blues-acoustique (« The Winding Sheet », « Whiskey For The Holy Ghost », « Scraps At Midnight »), il s'attaque par la même à tout un pan de la culture musicale américaine en choisissant des genres aussi variés que le folk, la soul ou la country.

Lorsque Mark Lanegan s’attelle à composer un album de reprises, il ne choisit pas seulement de clôre sa trilogie blues-acoustique (« The Winding Sheet », « Whiskey For The Holy Ghost », « Scraps At Midnight »), il s’attaque par la même à tout un pan de la culture musicale américaine en choisissant des genres aussi variés que le folk, la soul ou la country.

Et le moins qu’on puisse dire, c’est que sa sélection est intéressante: Stephen Paulus, Brooke Benton, The Gun Club, Tim Hardin… bien que la setlist intrigue et étonne.
En effet, comment l’une des voix les plus rauques du rock pourrait-elle reprendre une pièce pour chorale, un morceau de soul noire ou le titre phare d’un groupe de post-punk dont le chanteur était fan d’Elvis?

Oubliez ça et jetez-vous sur les 11 titres de ce disque: un petit bijou est au menu.

Une guitare folk, une voix de basse captivante, une gravité presque religieuse: Carry Home n’est plus la complainte désespérée que son ami Jeffrey Lee Pierce s’employait à déclamer avec fougue en 1982. Elle est devenue une ballade acoustique à la mélancolie touchante, une invitation à frémir tant le timbre de l’homme parvient à souligner le dramatique du texte.
Dans la même veine, la justement gun clubienne Creeping Coastline Of Lights des Leaving Trains s’offre une relecture enchanteresse: moins électrique, un tempo ralenti, une guitare blues, un chant d’une extrême douceur et même un vibraphone. Superbe.
Focalisé à travers cet album sur les 60/70/80’s, Mark Lanegan convie Mike Johnson (ex-Dinosaur Jr) à déployer tout le pouvoir d’un son brumeux de guitare pour laisser exploser son désespoir sur On Jesus Program d’Overton Vertis Wright. Son grain de voix émeut et ce côté rétro dans le son chaleureux et crépitant conféré par la production séduit. Un des temps forts du disque.
L’ex-leader des Screaming Trees aime les contrastes et ose, sa reprise du hit I’ll Take Care Of You de Brooke Benton est à fondre de tendresse. Chaque mot se voit encore une fois pesé avec une justesse désarmante sur une lente piste blues appuyée par un vibraphone romantique. Elle précède Shiloh Town de Tim Hardin, moins progressive que l’originale mais toujours aussi folk, sonnant presque comme une ballade traditionnelle avec ses guitares, piano et violon.
Standard américain que tant d’artistes reprirent avant lui (Bob Dylan entre autres), Little Sadie est ici un folk joliment entraînant dont le travail sur les cordes, plus travaillé que dans la mouture précédemment évoquée va permettre de mieux valoriser le texte. Et quel relief dans sa voix. Une justesse de traitement que Lanegan, incapable d’égaler Eddy Floyd sur le plan vocal, va appliquer à sa reprise de Consider Me pour en faire ressortir le caractère attendrissant. La même tendresse que sur Together Again de Buck Owens, soutenue par un orgue pop.
Néanmoins, la curiosité du disque en termes de choix reste sans conteste Shantyman’s Life, pièce pour chorale de Stephen Harrison Paulus ayant été interprété pour la première fois en 1979 par un choeur de 40 personnes (The Dale Warland Singers) et dont Lanegan va proposer une version purement acoustique aux accents blues, terriblement entêtante.

A travers cette collection de reprises séduisante et soignée (appuyée par la production de l’orfèvre Martin Feveyear), Mark Lanegan fait donc état de la diversité de ses influences en leur rendant un fier hommage et surprend l’auditeur en se frottant à des genres qu’on ne lui connaissait pas.
Une audace qui ne va cesser de se confirmer au cours des disques suivants.
Et puisqu’il s’est fait plaisir, vous feriez bien d’en faire autant.

Un très bel album.

Chroniqueur

Tracklist

  1. cipoe - full
  2. lesson
  3. viadal
  4. mariana.árok
  5. yukata
  6. kapu
  7. tartarosz
  8. mariana.árok - slowed + reverb