"> Mark Lanegan - Phantom Radio - Indiepoprock
Phantom Radio

Phantom Radio


Un album de sorti en chez .

5

Une voix à dégrafer un sous-tif.

Débarrassons-nous du pedigree du Monsieur en essayant de nous limiter à l’essentiel, ce qui n’est pas chose facile vu la richesse du  parcours de ce grand bonhomme qui sort des albums ou participe à des projets musicaux d’une manière quasi-compulsive.

Ses différents groupes ? D’abord The Jury au début des année ’90 avec un certain Kurt Cobain et Krist Novoselic. Puis, à la même époque The Screaming Trees, groupe grunge dont il sera le chanteur et qui survivra le temps d’une petite dizaine d’albums dans l’ombre d’Eddie Vedder et de Nirvana.

En termes de collaborations, pèle-mêle, citons évidemment Queens of the Stone Age dont il sera l’un des chanteurs, ses somptueux duos avec Isobel Campbell dans lesquels les deux voix s’accordent divinement bien, sa participation à un album de Manset, à un autre de Moby mais aussi en 2014, un duo passé inaperçu avec… Bertrand Cantat (Desire By Blue River – The Jeffrey Lee Pierce Sessions Project).

Parlons du disque maintenant :

Mark possède un organe (sa voix) de nature à émouvoir les plus froids et ce nouvel exemplaire en apporte encore une fois la preuve. Cette tessiture d’outre tombe, rocailleuse, sculptée par le tabac et autres substances, ne peut laisser insensible, elle s’immisce en vous et vient vous cueillir dès les premières notes.

Lanegan, gueule marquée, burinée, qu’on croirait sortie de la dernière campagne The Kooples (nous sommes en mode ironie, là !), tout en tatouages apparents mais sans la détestable fausse attitude bad boy, nous sort encore une fois un album dont on peut se délecter pour peu qu’on choisisse bien les morceaux.

L’Américain n’a plus rien à prouver, il fait ce qu’il veut, il prend du blues, du rock, des claviers, mélange le tout, s’entoure de musiciens au diapason, ajoute son timbre inimitable et produit un disque vrai sans calcul.

Disséquons quelques titres :

Avec Harvest Home, Mark sort un bel incipit dont il a le secret, arpèges de 6 cordes, clavier en background et puis l’instrument majeur de l’orchestre, sa voix. Vient alors un grand moment de gaîté communicative, une marche funèbre, Judgment Time, clavier et tessiture plaintifs, une tristesse infinie avec toujours ce timbre qui désarme, Lanegan se mue en romantique, genre c’est triste mais ça fait du bien.

Changement de programme, Floor Of The Ocean offre une escapade contemplative, Lanegan explore et se fait plaisir. Killing Season avec sa boite à rythme, poursuit cette expérimentation avec plus ou moins de bonheur. Mark lâche un rire au début de Seventh Day, c’est ce qu’il faut retenir de ce morceau…

Avec I’m The Wolf, le rescapé du grunge nous offre encore une nouvelle beauté triste, frettes qui chuintent et forment un écrin de velours aux vocalises de notre héros. Torn Red Heart est d’un bel ennui qui oscille entre la ballade mole et musique éthérée et ce n’est pas Waltzing In Blue qui viendra dissiper l’assoupissement qui guette. Death Trip To Tulsa est le titre salvateur de cette fin d’album, on retrouve un peu la voix qui fait mouche, c’est sale, c’est sombre et lourd, c’est au fond ce qu’on aime chez Mark Lanegan.

Voilà. « Phantom Radio » n’est certes pas la galette de la décennie et bon nombre seront rebutés par ses touches expérimentales, mais au final, il s’agit d’un disque attachant qu’on sortira de temps à autre en prenant soin toutefois de bien choisir les titres. Nous déconseillons l’utilisation de l’option shuffle !

Ne passons pas à côté de l’art-work. Ici, tout est joie et allégresse, une image onirique fantomatique et mortifère cohabite avec un fond presque rouge sang légèrement égayé par la lettrine des titres qui pétille un peu. C’est indubitablement raccord avec le contenu.

Chroniqueur

Tracklist

  1. Harvest Home
  2. Judgement Time
  3. Floor of the Ocean
  4. The Killing Season
  5. Seventh Day
  6. I Am the Wolf
  7. Torn Red Heart
  8. Waltzing In Blue
  9. The Wild People
  10. Death Trip to Tulsa