Le travail de chroniqueur est aisé à bien des égards. Derrière nos petits écrans en effet, il semblerait que l'on devienne progressivement invincible et cela est fort regrettable... Car c'est à ce moment très précis que toute objectivité disparaît, laissant ainsi nos esprits (trop souvent ? ) avides de jugements divaguer sans aucune retenue. Les commentaires désobligeants prennent alors le pas sur les véritables discours musicaux et l'art de la chronique se transforme alors en un simple exercice de la haine. Loin de moi l'idée de prouver que de plus en plus de journalistes échouent dans leur travail, mais j'aimerais réintroduire quelque peu d'objectivité, notamment dans la critique qui suit et qui concerne "Drones", le nouvel album de Muse qui fait aujourd'hui polémique.
Le travail de chroniqueur est aisé à bien des égards. Derrière nos petits écrans en effet, il semblerait que l’on devienne progressivement invincible et cela est fort regrettable… Car c’est à ce moment très précis que toute objectivité disparaît, laissant ainsi nos esprits (trop souvent ? ) avides de jugements divaguer sans aucune retenue. Les commentaires désobligeants prennent alors le pas sur les véritables discours musicaux et l’art de la chronique se transforme alors en un simple exercice de la haine. Loin de nous l’idée de prouver que de plus en plus de journalistes échouent dans leur travail, mais nous aimerions réintroduire quelque peu d’objectivité, notamment dans la critique qui suit et qui concerne « Drones », le nouvel album de Muse qui fait aujourd’hui polémique.
Il faut bien l’admettre, à chaque nouvelle sortie du groupe depuis Absolution en 2003, les chroniqueurs se déchaînent et se livrent une bataille sans merci. On trouve alors d’un côté ceux qui « adorent les détester » (certains comprendront le clin d’œil qui est fait ici…) et de l’autre, ceux qui ne jurent que par le talent des trois anglais. Malheureusement, il n’y a que peu d’articles qui se situent au centre de ce clivage incessant… Sans pouvoir prétendre y parvenir, nous tenterons de dégager une voie de sortie pour comprendre ce qui se joue réellement au sein de ce cas de figure problématique.
Depuis plusieurs mois, difficile d’échapper au fait que Muse ait sorti un nouvel album. Toujours dans ce souci de grandiloquence qui les caractérise depuis leurs débuts, tout est minutieusement calculé pour que tout le monde soit au courant. Cette fois-ci, il n’est plus question de délires extraterrestres ou encore de la deuxième loi de thermodynamique, mais bien de drones. Fidèle à lui-même, Matthew Bellamy révèle donc une nouvelle fois son goût pour le surréalisme et sa tendance à la paranoïa à travers un album concept destiné à suivre le dessein d’un personnage qui désire s’affranchir de son embrigadement. Jusque-là donc pas de surprises, si ce n’est la volonté du groupe de retrouver leur son d’origine et de laisser de côté les expérimentations plus « électroniques » des trois précédents albums.
C’est justement sur ce point qu’il convient de s’arrêter quelques instants pour saisir un pan du processus de création de « Drones ». Avant de se lancer dans des louanges infinies ou dans des critiques purement gratuites, les journalistes auraient peut-être dû envisager cet album comme une « esthétique du remix » pour gagner en objectivité et mieux cerner son problème. Un double remix pour être plus précis, à la fois d’eux-mêmes (de leur travail en studio et en live), mais aussi de leurs influences. Car « Drones » c’est cela, et peut-être même seulement cela… Dans Mercy effectivement, il faut bien avouer qu’il y a un peu de Starlight et de Queen dans le traitement du refrain, le jeu de piano de The Globalist rappelle celui d’United States Of Eurasia (et de leur reprise de Soaked) au niveau rythmique, dans Aftermath on peut entendre une touche de Dire Straits ou encore du Rage Against The Machine dans le riff de Reapers etc. Et on pourrait continuer encore longtemps. Le principal défaut ne vient pas du fait qu’ils s’inspirent de différents artistes, mais plutôt que Muse peine à véritablement se les réapproprier. Tous ces éléments ne sont-ils pas révélateurs d’un cruel manque d’inspiration ? Derrière cette promesse d’un retour aux sources se dissimule en réalité le sentiment que les trois musiciens raclent les fonds de tiroir pour ne proposer qu’une pâle copie d’eux-mêmes et de leurs goûts musicaux. Aller chercher le producteur d’AC/DC qui plus est pour donner l’impression d’un son lourd est un échec. Ici justement le souci c’est que l’on entend trop le travail d’un producteur qui n’a pas su déceler le véritable potentiel d’un Matthew Bellamy. Les quelques scories de son chant paraissent poussées à l’extrême sans compter que le fait que Robert Lange l’est conduit à faire plus de solos (techniques) de guitare est une grossière erreur. Tout le charme de Muse résidait dans le fait que les solos de Matthew Bellamy resplendissaient par leur puissance mélodique et harmonique avant toute chose.
Malgré cela le disque recèle de quelques moments d’une intensité rare qui me laissent penser que tout n’est pas perdu contrairement à ce que beaucoup pensent depuis The Resistance : En effet, The Handler reste à ce jour l’un des meilleurs titres de Muse depuis l’album Absolution. Et que dire du thème de guitare doublé aux cordes à la fin de Defector ou encore du dernier titre Drones, réalisé a capella à partir de plusieurs collages de voix de Bellamy sur un thème de Palestrina.
Vous me direz donc : « à quoi bon sauver un groupe qui malgré sa paresse artistique parvient à récolter toujours plus de succès ? » Certes, ils semblent multiplier les erreurs de parcours et on pourrait leur reprocher de ne faire que remixer les éléments de langage de certains artistes et d’eux-mêmes, mais quel est l’intérêt après tout ? Ce qu’il faut espérer à présent, c’est que Matthew Bellamy et ses deux acolytes retrouvent l’énergie créatrice qui les a menées jusqu’ici à produire des albums qui faisaient d’eux des génies de la réappropriation.