La pochette du disque nous montre une orangée garnie de fruits mûrs sous un ciel bleu irradiant. Trompeuse image. Les fruits gâtés ont été retirés car la musique de Shannon Wright recèle une part d?acidité flagrante. Ce qui frappe de prime abord dans la musique de cette américaine c?est sa voix fiévreuse, incarnée. Elle chante […]

La pochette du disque nous montre une orangée garnie de fruits mûrs sous un ciel bleu irradiant. Trompeuse image. Les fruits gâtés ont été retirés car la musique de Shannon Wright recèle une part d?acidité flagrante.

Ce qui frappe de prime abord dans la musique de cette américaine c?est sa voix fiévreuse, incarnée. Elle chante ses compositions comme un acte de survie, une nécessité qui déroute l?auditeur. Ecouter « Dyed in the wool » c?est s?immiscer dans l?intimité d?une personne meurtrie, Shannon Wright semble en effet se confier à nous : « You use your force to comfort my trembling hands » (dans « A vessel for a minor malady »). Un emploi constant de la deuxième personne du singulier bien déstabilisant? Le trémolo, qui ponctue certaines de ses phrases, évoque à la fois la rage et la douleur. La musique (elle joue elle-même de nombreux instruments) est le prolongement de ce désordre interne. Rêche et dépouillée. L?orchestration est réduite à l?essentiel comme pour réaffirmer sa sincérité : un piano glacial, une guitare agressive (« The Hem around us »), une batterie épaisse. Une aridité magnifique.

La musique de Shannon Wright rappelle évidemment l?autorité, l?assurance de celle de PJ Harvey (voire de Chan Marshall de Cat Power), mais ce serait une erreur de n?en faire qu?un clone. Shannon Wright possède une identité propre et une liberté trop manifeste et rare. Des chansons qui dérangent. Des chansons effrayantes et pourtant tenaces. C?est un aveu que de dire : j?aime ça.

• Publication 812 vues2 avril 2004
• Tags Shannon WrightVicious Circle
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