L’année 2009 est celle des grands rendez-vous pris avec des groupes pour lesquels on attend impatiemment une nouvelle bouture. Et pour le moment, 2009 ne déçoit pas, ce qui laisse présager des choix cornéliens pour constituer les tops de fin d’année. Quelques semaines avant la sortie de « The Hazards Of Love » (cinquième album du groupe), […]
L’année 2009 est celle des grands rendez-vous pris avec des groupes pour lesquels on attend impatiemment une nouvelle bouture. Et pour le moment, 2009 ne déçoit pas, ce qui laisse présager des choix cornéliens pour constituer les tops de fin d’année. Quelques semaines avant la sortie de « The Hazards Of Love » (cinquième album du groupe), les membres des Decemberists avaient déjà laissé filtrer quelques indiscrétions des plus alléchantes. Cet opus est calibré comme un opéra rock, où chaque chanson est liée l’une à l’autre sans césure. On avait déjà pu observer cette mouvance sur « The Crane Wife » avec un alignement de deux ou trois structures dans un seul morceau. « The Hazards Of Love » va bien plus loin en se construisant autour d’une chanson déclinée en quatre versions : « The Hazards Of Love » et une histoire bien ficelée. Car ce disque est avant tout une histoire : Margaret (incarné par Becky Stark de Lavender Diamond) habite dans une ville proche d’une forêt, et aime William (incarné par Colin Meloy) un être vivant dans la forêt capable de changer de forme. Elle découvre qu’elle est enceinte et décide de retrouver son bien-aimé mais leur amour est menacé par la reine de la forêt terriblement jalouse (incarnée par Shara Worden de My Brightest Diamond) et un valet assassin. L’histoire se veut donc romantique, avec quelques passages tristes, et (navrée de spoiler) une fin pas très gaie.C’est donc en déployant le titre
The Hazards Of Love, que les autres découlent naturellement en alternant le picking à la guitare acoustique, puis les riffs électriques très rock (
A Bower Scene) ; chaque instrument permettant de reconnaître l’évolution de l’histoire et des personnages qui parlent. Comme sur chaque album des Decemberists, les efforts d’instrumentalisation sont exceptionnels, et les vagues de banjo, guitare folk, pedal-steal et synthés se marient parfaitement. Mais cette fois-ci, Colin Meloy, et son chant toujours aussi puissant et articulé, est accompagné de quelques amies diamantées dans ses compositions, ce qui est particulièrement ravissant. Envolées lyriques épurées (
An Interlude, Annan Water), balades douces et pittoresques (
Isn’t It A Lovely Night ?), morceaux pêchus et musclés (
The Wanting Comes In Waves/Repaid, The Rake’s Song, The Abduction Of Margaret) sont autant d’ambiances complexes que le groupe a tenté de mêler habilement. Et force est d’avouer que c’est magistralement réussi. Quelques morceaux peuvent toutefois laisser perplexe quand aux arrangements des orgues, mais le pari de faire de ce disque une œuvre opéra-rock est rempli.
Ce n’est clairement pas sur « The Hazards Of Love » que les Decemberists rallieront leurs détracteurs à leur cause, tant il se veut plus radical que les précédents, mais c’est sur cet album en tous cas que le groupe confirme son immense talent. Il ne fait aucun doute que son œuvre durera. Ce qui serait franchement génial, serait de voir le groupe arriver sur scène costumé, où chacun jouerait son rôle dans l’histoire.