"> The Decemberists - What A Terrible World, What A Beautiful World - Indiepoprock

What A Terrible World, What A Beautiful World


Un album de sorti en chez .

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Le retour des Decemberists, revenus de quelques outrances.

La France ne s’est jamais beaucoup intéressée aux Decemberists, qui ceci dit le lui rendent bien, la preuve étant que la tournée pour soutenir ce nouvel album passera un peu partout en Europe, sauf par notre beau pays. Le groupe de Colin Meloy n’en reste pas moins un de ceux qui auront écrit une des plus belles pages de la pop grâce à une approche mélodique assez rarement rencontrée de l’autre côté de l’Atlantique, alliée à un goût pour les ambiances des grands espaces lui typiquement américain, le tout rehaussé par une fibre littéraire du meilleur effet. « Picaresque », puis « The Crane Wife » double album concept inspiré d’un conte populaire japonais resteront comme de vrais classiques de la décennie écoulée et auront démontré que le groupe ne manquait pas d’ambition. Et en avait même trop ? En 2009, avec « The Hazards Of Love » la troupe tentait d’aller encore plus loin avec ce qui ressemblait à un opéra rock, auquel on ne sera finalement pas beaucoup revenus, son côté pompeux et boursouflé prenant le pas sur les bons moments. Depuis, avec « The King Is Dead », The Decemberists avaient remis les pieds sur terre mais, sans être mauvais, l’album s’apparentait quand même à un atterrissage brutal pour un groupe qui s’était vu trop beau. A cette époque, si on avait appris que le groupe avait décidé de jeter l’éponge et de se séparer, on n’aurait pas été particulièrement surpris. Pourtant, rien de tout cela, Colin Meloy et consorts ont simplement décidé de laisser passer quatre années pour revenir aux affaires.

« What A Terrible World, What A beautiful World » s’apparente donc à un nouveau départ, une remise des compteurs à zéro. Dès les premières mesures de The Singer Addresses His Audience, la volonté d’y aller par petites touches tout en renouant avec une ambition affirmée est manifeste : le morceau s’ouvre sur quelques notes de guitare acoustique, le chant est retenu, puis la mélodie et les arrangements se déploient. Dans la foulée, avec Cavalry Captain, les Decemberists se lancent dans un morceau enlevé, plein de verve et de cuivres assez irrésistible. On retrouve le groupe à son meilleur, fluide, enjoué, et le plaisir se prolonge sur le naïf Philomena. Cependant, on ne peut pas faire table rase du passé et force est de reconnaître que ce qui plait sur ce début d’album, c’est de se retrouver en terrain connu, même si l’inspiration est au rendez-vous. Mais dès Make You Better, ce qu’on redoutait dès le départ sans trop oser l’avouer arrive, à savoir que quand la mélodie n’est pas aussi accrocheuse, l’album se met à tourner à vide, le groupe répétant inéluctablement des schémas déjà explorés. A partir de là, l’album oscille entre moments légèrement ennuyeux et d’autres où le groupe livre quelques compositions séduisantes : Till The Water’s All Long Gone est une jolie ballade émouvante avec un petit accord de slide guitar bien senti, Anti-summersong et son petit côté country et son harmonica retiennent l’attention. En revanche, Lake Song, The Wrong Year ou Mistral tournent en rond et s’oublient  vite. Plus qu’un sentiment de déception, au sortir de cet album, ce qui domine, c’est plutôt le constat que les Decemberists sont aujourd’hui dans une impasse : après être allés trop loin, ils cherchent à revenir sur les traces de leurs plus belles réussites. Mais l’histoire ne repasse jamais deux fois les plats.

Rédacteur en chef
  • Pas de concert en France ou Belgique pour le moment

Tracklist

  1. The Singer Addresses His Audience
  2. Cavalry Captain
  3. Philomena
  4. Make You Better
  5. Lake Song
  6. Till The Water’s All Long Gone
  7. The Wrong Year
  8. Carolina Low
  9. Better Not Wake The Baby
  10. Anti-Summersong
  11. Easy Come, Easy Go
  12. Mistral
  13. 12/17/12
  14. A Beginning Song