Nouvel album du groupe allemand, fidèle à son rythme de tortue.
Cela fait maintenant plus de quinze ans qu’on le sait, il se passe au moins six ans entre deux albums de The Notwist. Après « Close To The Glass » en 2014, voici donc « Vertigo Days » en ce tout début d’année. Faut-il regretter ou au contraire se féliciter de ce rythme de tortue, évidemment, la réponse sera en partie guidée par la satisfaction que l’on éprouve à chaque nouvelle sortie. Et, jusqu’ici, les Allemands ont plutôt bien mené leur barque en restant fidèles à leur songwriting pop délicat qui a fait l’inépuisable succès de « Neon Golden », tout en le mâtinant d’électro avec une belle parcimonie sur les albums suivants. The Notwist étaient ainsi devenus un groupe au statut enviable de référence en termes d’écriture pop, la touche électro assurant quant à elle le versant moderne, avec modération. Pas de surenchère dans les effets mais plutôt la pérennisation d’un son en équilibre entre tradition, effets vintage et nouvelles perspectives.
Toutefois, même si un hiatus de six ans entre chaque album évite les sensations de redondance trop prégnantes, on était en droit de se demander si « Vertigo Days » marquerait une vraie nouvelle étape pour Markus Acher et ses comparses. Réponse : oui et non. Non dans la mesure où le groupe reste fidèle à son tempo assez posé, qui permet à Markus Acher d’égrener ses mots sans trop de difficultés ni de modulation, étant entendu que ce n’est pas un chanteur de grande envergure et que la capacité du groupe à ciseler des morceaux taillés pour sa voix est à mettre à son crédit. Ce qui n’empêche pas de se dire, le temps d’un Where You Find Me, à la mélodie très (trop ?) simple, qu’on connaît bien ce type de moment, pas désagréable, pas super inspiré non plus. Mais, quasiment dans le même élan, voilà que, presque sans transition, le groupe enchaîne sur Ship, morceau intrigant, difficilement définissable en termes de style, et c’est une voix féminine qui assure le chant, avec un relief bienvenu. Et puis, juste après, le groupe tresse une ballade organique qui nous touche directement au coeur avec Loose Ends. Mélodie diaphane, superbe final instrumental, le genre de morceau qui nous donne illico envie de tout arrêter pour ne plus écouter que lui.
Cette première partie d’album résume déjà bien l’ambition et la mouture générale de l’album, que la seconde partie va confirmer : « Vertigo Days » est un disque qui porte entièrement la « patte Notwist », tout en s’ouvrant délicatement, sans heurts, à d’autres sonorités. L’apport de musiciens pour la plupart quasi-inconnus, à l’exception de Juana Molina sur Al Sur, est mis en avant et s’intègre en filigrane. Des cuivres dissonants sur Into The Ice Age, une dynamique discrètement langoureuse et soul sur Oh Sweet Fire, avec la voix de Ben LaMar Gay, de petits morceaux courts et instrumentaux à la forme d’interludes placés ci et là (Al Norte, Ghost). La greffe est fluide, l’écoute de l’album plutôt emballante, à peine écornée par quelques passages moins inspirés qui donnent la sensation de retomber en terrain trop balisé (Where You Find Me, déjà cité, Sans Soleil). Parallèlement, impossible de résister à la délicatesse soyeuse de Night’s Too Dark, ni au final doucement mélancolique et onirique d’Into Love Again. Avec « Vertigo Days », The Notwist réussissent donc encore une fois à poser un nouveau jalon, ni vraiment intemporel ni ouvertement avant-gardiste. Ni sombre ni ouvertement optimiste. La juste recherche de l’équilibre, encore une fois.
- Publication 1 514 vues11 février 2021
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