TOP 20 2019
Un classement de fin d’année n’a jamais révélé une quelconque vérité et, encore une fois, on ne vous fera pas l’affront de chercher à vous faire passer le nôtre pour autre chose qu’une photographie de ce que les uns et les autres ont eu envie de mettre en avant au moment de faire le « bilan » de cette année musicale. Au-delà des places en elles-mêmes, quelques tendances fortes s’ébauchent toutefois. La première est vieille comme le monde mais reste d’actualité : les gens blessés, dans leur chair ou leur coeur et qui trouvent la force de se relever sont toujours beaux. Quand ce sont des musiciens et que leurs albums leur permettent de purger leur douleur, en 2019, ça donne « Magdalene » signé FKA twigs, ou « Ghosteen » signé Nick Cave and The Bad Seeds. Deux univers diamètralement différents, une carrière qui n’en est qu’à ses débuts d’un côté, une autre pléthorique et foisonnante de l’autre, mais une même volonté d’aller de l’avant, de transcender la souffrance et une même ambition de créer un univers sonore soigné et singulier. On se voyait sincèrement mal rapprocher ces deux artistes, 2019 nous le permet, ce qui suffit à en faire une grande année.
En 2019, on a aussi pu vérifier que certains genres sont éternels. On n’a pas compté combien de fois le rock guitares est mort, mais il est encore revenu, et plutôt en force. Fontaines DC et The Murder Capital, à côté des déjà presque vétérans de DIIV et d’autres encore, ont remis à l’honneur riffs rageurs et refrains qui claquent avec une morgue toute neuve. Car, la différence avec les précédentes résurrections du genre, c’est que ces groupes ne sont plus tenus de singer ce qu’ils ont entendu à la radio puisque, depuis quelques années déjà, ce n’est plus le rock qui truste les ondes et les plateformes de streaming mais le rap. Et s’ils n’inventent rien, leur fraîcheur n’en est pas moins salutaire. De l’autre côté du spectre musical, le folk a connu le même destin. La brillante Aldous Harding ou les excellents Big Thief ne sont pas là pour tout remettre à plat, mais rarement on aura entendu des albums aussi débarrassés de références. Aldous Harding propose ainsi une musique ou une simple intonation, un mot prononcé ou pas, un accord suave ou plus tendu suffit à créer un climat instable, ambigü, qu’on n’aurait pas soupçonné le genre de porter. Big Thief, de son côté, réussit la gageure de créer un climat inédit et suspendu sans jamais chercher à expérimenter.
Ce ne sont là que quelques exemples de ce que nous a proposé 2019 mais, à l’aube d’une nouvelle décennie, une fois encore, la pop indé au sens large nous a proposé des émotions comme elle seule est capable d’en procurer et a, davantage que les années précédentes, prouvé que la créativité était toujours bel et bien là et que seuls ceux qui refusent de vivre avec leur époque continueront à clamer que tout à déjà été fait. Vivement 2020.
Et voici donc le décompte final de la rédaction d’IndiePopRock :
3 Shannon Wright – « Providence »
4 Drahla – « Useless Coordinates »
5 De Staat – « Bubble Gum »
6 Fat White Family – « Serfs Up! »
7 Piroshka – « Brickbat »
8 Nick Cave – « Ghosteen »
9 L’Epée – « Diabolique »
10 FKA Twigs – « Magdalene »
11 SASAMI – « Sasami »
12 The Murder Capital – « When I have fears »
13 DIIV – « Deceiver »
14 Tindersticks – « No Treasure But Hope »
15 Thom Yorke – « Anima »
16 Emma Sand – « Door to door »
17 Aldous Harding – « Designer »
18 Chelsea Wolfe « Birth of violence »
19 Strand of Oaks – « Eraserland »
20 David Assaraf – « Ceux qui dorment dans la poussière »
- Publication 4 405 vues29 décembre 2019
- Tags Aldous HardingBig ThiefChelsea WolfeDavid AssarafDe StaatDIIVDrahlaEmma SandFat White FamilyFKA twigsFontaines DCL'ÉpéeNick CavePiroshkaSASAMIStrand of OaksThe Murder CapitalThom YorkeTindersticks
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