En roue libre et en terrain conquis, Mark Lanegan a trouvé sa zone de confort.

Il y a bien longtemps qu’il traîne son blues folk éthéré et sa voix éraillée reconnaissable parmi mille autres. Avec « Gargoyle », Mark Lanegan nous livre son seizième album (si nous faisons fi des EP et très nombreuses collaborations). Traînant son image de grunge qui a survécu à l’âge, l’homme a toujours dans ses bagages musicaux un débraillement viril, et un fort goût pour la simplicité et la mélodie.

Déroulant ses sombres ballades dans des ambiances vaporeuses, la folk de Lanegan s’acoquine de plus en plus avec le shoegaze. Les mélodies sont noyées dans un marasme saturé généralisé appuyant fort sur le détachement nostalgique de l’artiste. On touche ici aux défauts qui guettent depuis un moment les productions de l’homme, un manque de subtilité et de fragilité de plus en plus béant. Attention, nous mesurons bien entendu la qualité technique des arrangements, la précision du travail. Ce que l’on reproche ici tient plus du « grossissement du trait » qui rend l’art, de manière générale, rarement accessible, trop manichéen pour susciter l’identification, l’imprégnation.

Dès l’ouverture Death’s Head Tattoo on sent des influences du gothisme langoureux d’un Peter Murphy. De même Nocturne et ses suivants oscilleront entre une pop vaguement gothique et un shoegaze gommant les manques mélodiques. Malheureusement, on ne ressortira jamais de cet zone de confort de l’artiste, frisant même parfois des airs d’apoplexie artistique.

Non, nous n’avons pas été submergés par cette nouvelle production de Mark Lanegan, et l’idée même de trouver les mots pour vous faire part de notre ressenti fut âpre. Attention, Mark Lanegan ravira ses fans, pour la plupart, mais, il nous fut bien compliqué de nous plonger réellement dans « Gargoyle » pour cette chronique. Fastidieux semble être l’adjectif qui correspondra le plus à l’expérience.

• Publication 1 371 vues5 mai 2017
• Tags Mark LaneganHeavenly
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