"> Mathieu Bec - Aux sources de la noise - Indiepoprock

Mathieu Bec – Aux sources de la noise

La musique de Mathieu Bec a toute sa place ici, sur Indiepoprock, dans la mesure où le musicien développe depuis de nombreuses années un univers sonore aux frontières de la noise, de l’improvisation et du jazz. Ses collaborations avec des artistes comme Michel Doneda, l’homme ayant joué avec les Sonic Youth, le prouve. Partir à la découverte des albums de Mathieu Bec permet ainsi de comprendre les fondements de tout un pan de la musique rock contemporaine. L’une des portes d’entrée de ce monde est « Lithic », album fondamental du percussionniste.

Ecouter « Lithic » c’est prendre un risque. Celui de plonger dans les entrailles d’une musique que Mathieu Bec qualifie d’archaïque. Que l’on dira, nous, connectée aux origines.  Quand la musique n’avait pas encore connue sa grande fragmentation. Au point de se diviser en une infinité de genres et de sous-genres. Ecouter « Lithic » c’est donc entendre une musique parlant de la genèse. Essentielle, vitale, mais surtout profondément mystérieuse. Une résonance qui remonterait du plus profond de la terre.  Effrayante et fascinante, puisque nous parlant de la préexistence, de l’avant, des esprits, de tout ce qu’il est impossible de mettre en équation. Ecouter « Lithic », ce n’est donc pas entendre de la musique, c’est écouter le son initial du monde, de sa création. Infernale et indicible. C’est une expérience unique et terriblement déstabilisante. Une sorte de voyage inouïe au plus loin de ce l’on peut comprendre et connaître des sons.

« Lithic » est grinçant et grimaçant, grondant et fumant, dur et froid comme une pierre, au cœur de laquelle il y  a pourtant tout ce qu’il adviendra : le chaos de la modernité, la brutalité des machines qui précipitera l’homme définitivement hors de la nature. Il nous reste, aujourd’hui, juste le bruit sidérant de cette histoire humaine. Ce bruit qui nous parvient parfois comme par accident, et qui nous rappelle l’étrangeté du chemin. Plus que cela, sa vérité et ses ténèbres, sa magie noire et son abyssale profondeur. Mathieu Bec a su transcrire ces turbulences en une phrase musicale connectée à l’histoire géologique et spirituelle, capable d’atteindre le cosmos.

Avec « Lithic », le musicien semble avoir capturé une once de cette énigme, de cette origine qui nous parvient comme une réminiscence d’une extrême violence, comme un souvenir médiumnique.

 

 

 

Yan
Chroniqueur
Mathieu Bec - Aux sources de la noise