"> Nick Cave and The Bad Seeds - B-Sides & Rarities Part II - Indiepoprock

B-Sides & Rarities Part II


Un album de sorti en chez .

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Nouvelle sortie de tiroirs pour compléter une oeuvre sans égal.

D’abord constater que, généralement, quand on compile les titres jamais parus ou restés dans l’ombre d’un artiste, c’est qu’il est passé à trépas ou qu’il est au minimum au crépuscule de sa carrière. On ne s’étonnera pas qu’une fois de plus, Nick Cave fasse exception. La preuve, le premier volume de ces « B-Sides & Rarities » est sorti il y a plus de quinze ans maintenant et notre homme et ses fidèles Bad Seeds ont amplement prouvé depuis qu’ils étaient encore sacrément vivaces. Et même aujourd’hui que paraît ce second volume, on n’attend encore beaucoup de l’Australien dans les mois et années qui viennent. Second constat qui valait déjà pour le premier volume et toujours de mise avec le second, chez Nick Cave, il n’y a définitivement rien à jeter. Pas de chutes de studio bancales, pas de titres poussifs qui auraient justifié une mise à l’écart initiale. Ces « B-Sides & Rarities » remplissent donc plusieurs offices.

Le premier est de regrouper une partie d’une oeuvre forcément touffue qui, sans cela, se serait retrouvée éparpillée. Bien sûr, pour les fans de Nick Cave, tous les titres présents sont loin d’être inédits et il y a fort à parier que les plus accros à la moindre publication en posséderont déjà une partie sur différents CD singles, vinyles en éditions limitées, voire fichiers MP3. Mais regrouper ces différentes B-Sides, et c’est le second office, offre un éclairage passionnant sur l’oeuvre « officielle », on entend par là les différents albums parus et l’état d’esprit de Nick Cave et de ses comparses à différentes époques. Hey Little Firing Squad ou Fleeting Love, faces B issues de la période « Dig Lazarus, Dig!!! » présentent ainsi un versant aéré et un plaisir évident de jouer ensemble de la part des Bad Seeds. On se souvient qu’à l’époque, Nick Cave avait déclaré que les Bad Seeds, au moment de l’enregistrement de l’album, s’étaient montrés fort stimulés par l’escapade Grinderman, projet parallèle dans lequel Nick Cave, entouré d’un groupe resserré, avait célébré les vertus de la guitare électrique et d’une écriture spontanée et brute. Si ces faces B sont moins sophistiquées, moins intenses que les titres qu’on retrouve sur « Dig, Lazarus, Dig!!! », elles montrent en creux le souffle et la sève qui irriguait le groupe à l’époque. Dans un autre ordre d’idée, les versions primaires de titres comme Girl In Amber ou Bright Horses, qui apparaissent respectivement dans des versions finales différentes sur « Skeleton Tree » et « Ghosteen » donnent une idée du cheminement créatif de Nick Cave.

Enfin, le troisième office de ces « B-Sides & Rarities » et le plus intéressant, c’est bien sûr de faire découvrir des titres qui, jusque-là, n’avaient jamais vu le jour nulle part. Sans surprise, les plus beaux, les plus poignants, sont certainement ceux enregistrés lors de la période d’enregistrement de « Skeleton Tree ». En 2014, quand Nick Cave démarre l’écriture et l’enregistrement de l’album, il est animé par la volonté d’approfondir la forme ébauchée avec « Push The Sky Away », album sur lequel il relègue au second plan une instrumentation classique au profit d’un climat sonore plus complexe. Sur King Sized Nick Cave Blues ou plus encore sur Opium Eyes, on le sent tendre vers une forme d’abstraction formelle qui laisse pantois. Et puis bien sûr, alors que l’album était encore en chantier, il y a eu la perte de son fils, événement tragique qui a bouleversé beaucoup de choses et, pour Nick Cave, a rendu l’écriture de chansons à la fois plus dure et plus nécessaire que jamais pour ne pas sombrer. C’est bien sûr peu dire que la charge émotionnelle de ces morceaux est au plus haut et que leur seule présence rend cet album absolument essentiel. Bref, on replonge une fois de plus, et on attend la suite, qui ne tardera pas à arriver.

 

Rédacteur en chef

La disco de Nick Cave and The Bad Seeds