"> Nick Cave and The Bad Seeds - Live From KCRW - Indiepoprock

Live From KCRW


Un album de sorti en chez .

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Objet destiné aux fans ou véritable album ? "Live From KCRW" est le quatrième opus live de Nick Cave et ses fidèles Bad Seeds...

Quatre albums live, dans l’absolu c’est beaucoup mais, à l’échelle de trente ans de carrière, ce n’est pas tant que ça. Les précédents n’avaient d’ailleurs pas manqué de pertinence : « Live Seeds », paru en 1993, coïncidait avec le moment où Nick Cave commençait à se produire dans des salles plus grandes qu’auparavant, mais l’album, témoin de prestations fulgurantes, démontrait que l’Australien et ses acolytes  n’étaient pas prêts à polir les angles pour contenter un public plus large. En contrepoint, le « Live At The Royal Albert Hall », qui n’était au départ qu’un bonus à l’édition limitée du « Best Of » de 1998 et ne s’est vu offrir une réédition qu’en 2010, mettait en lumière la fibre « patte de velours » d’un songwriter et d’un groupe aussi à l’aise dans un cadre quelque peu suranné que devant une foule déchaînée. Enfin, l' »Abattoir Blues Tour » de 2005 dévoilait un Nick Cave à la croisée des chemins, surjouant parfois son côté « chanteur établi » pour mieux le tailler en pièces dans des interprétations fiévreuses de ses classiques, révélant en filigrane l’aventure Grinderman qui n’allait pas tarder à suivre.

Cette année, suite à la sortie du superbe « Push The Sky Away », la troupe s’est lancée dans une tournée monstrueuse et le groupe a offert des prestations d’une densité rarement égalées, portées par un Nick Cave plus habité que jamais. Mais atteindre un niveau de cohésion maximal était la condition sine qua non pour que les morceaux de ce nouvel album, aux arrangements et à l’instrumentation atypique, ne déparent pas à côté du reste du répertoire du grand Nick. Laisser une trace de ce tour de force aurait presque pu se justifier à lui seul, mais « Live From KCRW » est plus que cela. Cet album est en effet le résultat d’une session enregistrée en avril dans les studios de la radio californienne, entre deux concerts donnés par les Bad Seeds lors du festival Coachella, devant un public d’un peu moins de deux cents privilégiés. Et plutôt qu’emballer une poignée de titres en roue libre, Nick Cave, en bon rétif à la routine, a décidé de profiter du contexte pour se lancer dans des interprétations plus posées, remettant le piano et la guitare à l’honneur, sans pour autant revenir à une forme ‘traditionnelle’. En effet, tout au long des dix titres, on sent un groupe totalement concerné, chaque membre déployant une palette sonore d’une justesse impeccable. Côté répertoire, avec quatre titres du dernier album, on retrouve des classiques comme Stranger Than Kindness ou The Mercy Seat, ce qui pourrait apparaître comme une facilité. Sauf que justement, le génie de Nick Cave, c’est de parvenir à sans cesse réinventer son répertoire. Stranger Than Kindness est ainsi porté par une superbe ligne de guitare ténor et une section rythmique tout en fleurets mouchetés. Sur The Mercy Seat, Nick Cave ralentit le tempo du morceau, l’agrémentant de quelques accords de piano et de ponts au violon inédits. Sur Mermaids, la seconde moitié du morceau devient un long solo de guitare émaillé des choeurs des Bad Seeds. Côté voix, Nick Cave adopte une diction claire, presque épurée, et chante ‘sur le timbre’, tout en sobriété, toujours à la recherche de la note juste, sans jouer d’inflexions marquées, y compris sur un morceau comme Higgs Boson Blues, sur lequel il aurait pu s’en donner à coeur joie.

Enfin, ce qui achève de nous conquérir, c’est la qualité exceptionnelle de la captation de cette session, qui a certainement été l’ultime élément décisif, s’il en fallait un, pour décider de la publication de cet album. Ainsi, de Far From Me à Push The Sky Away, on a la sensation de presque sentir la respiration de Nick Cave, on savoure comme jamais le grain de sa voix, on perçoit nettement les balais de Jim Sclavunos qui effleurent les fûts sur People Ain’t No Good , l’archet de Warren Ellis qui glisse sur les cordes de son violon sur The Mercy Seat… C’est un véritable bonheur et, au final, Nick Cave ajoute encore une pierre à son oeuvre pour terminer l’année là où il l’a débutée et traversée : au sommet.

Rédacteur en chef

Tracklist

  1. Higgs Boson Blues - Live from KCRW
  2. Far From Me - Live from KCRW
  3. Stranger Than Kindness - Live from KCRW
  4. The Mercy Seat - Live from KCRW
  5. And No More Shall We Part - Live from KCRW
  6. Wide Lovely Eyes - Live from KCRW
  7. Mermaids - Live from KCRW
  8. People Ain't No Good - Live from KCRW
  9. Push the Sky Away - Live from KCRW
  10. Jack The Ripper - Live from KCRW

La disco de Nick Cave and The Bad Seeds