"> Nick Cave and The Bad Seeds - The Good Son - Indiepoprock

The Good Son


Un album de sorti en chez .

7

L'album "de la maturité" pour Cave et ses Bad Seeds. Assagi, peut-être, mais sobre, jamais ...

Il faut bien l’avouer, lorsqu’un disque est désigné comme « l’album de la maturité » pour son auteur, c’est en général bien à un enterrement de première classe qu’il faut s’attendre. De la maturité à l’ennui il n’y a bien souvent qu’un tout petit pas dans le rock ; « The Good Son » n’échappe pas à la règle et si la plupart des critiques ont souligné l’assagissement net de l’Australien sur cet album, c’est en général avec une pointe de regret. La première chose qui frappe en tout cas, et ce dès les premières notes de Foi Na Cruz, c’est le côté sophistiqué, poli de la production, des instrumentations et des arrangements : Cave et ses Bad Seeds poursuivent en cela une trajectoire déjà sensible sur les précédents albums, délaissant peu à peu la rugosité explosive du blues déviant de leurs débuts pour s’aventurer petit à petit vers une pop travaillée, volontairement théâtrale, la sauvagerie laissant la place à une excentricité de cabaret. C’est l’évolution du chant de Cave qui est la plus marquante : l’Australien abandonne sa voix blanche pétrie d’angoisse pour endosser un rôle de crooner psychopathe. Une autre sorte de maniérisme s’impose – assagi, certes, sobre, jamais.

Les compositions font la part belle au chant, mettant en valeur la belle voix grave de Cave sans pour autant camoufler ses limites. Sa justesse est plus que discutable sur plusieurs titres mais cela ne nuit pas à l’ensemble : dans un ensemble globalement travaillé et sophistiqué, la voix de Cave maintient une tension qui sans cela ferait cruellement défaut… Sur le plan de l’écriture, le bilan est mitigé : toutes les compositions sont bonnes, c’est indéniable, mais les sommets sont rares. La chanson titre emporte l’adhésion avec sa structure complexe et ses changements d’humeur à répétition, entre chanson de marins, crispations rock et intermèdes plus calmes soutenus par d’élégantes cordes. The Ship Song, devenu un classique depuis, s’impose comme le meilleur morceau de l’album, celui où Cave et son groupe parviennent le mieux à garder une véritable sincérité  Par contre, plusieurs autres titres tournent à vide (Sorrow’s Child, Lament, Lucy …) et même si la chanson fonctionne, le refrain de The Weeping Song tourne à la caricature Cave et Bargeld en font des caisses. Au final, pas de Mercy Seat ici, loin s’en faut…

Malgré ses qualités, « The Good Son » finit par lasser à cause du même défaut que plusieurs autres albums de Cave : un goût trop prononcé pour le théâtral, pour la pose, qui finit par reléguer les chansons, l’émotion au second plan. L’impression laissée est à l’image de ce constant balancement entre, d’une part, une sophistication traduisant à la fois le talent d’écriture de Cave et la maîtrise collective atteinte par ses musiciens et, d’autre part, un léger sentiment d’ennui face à un bel objet trop lisse, trop bien produit, trop arrangé. Le chanteur et son groupe ont fait du chemin depuis les albums plus torturés des débuts comme « From Her To Eternity ». Mais il n’est pas certain que la solennité théâtrale retenue à partir de ce disque et pour les quelques albums suivants de la discographie de Cave soit la meilleure incarnation de leur talent collectif.

Chroniqueur

Tracklist

  1. Foi Na Cruz
  2. The Good Son
  3. Sorrow's Child
  4. The Weeping Song
  5. The Ship Song
  6. The Hammer Song
  7. Lament
  8. The Witness Song
  9. Lucy

La disco de Nick Cave and The Bad Seeds